La conquête du FLN par les redresseurs complique la désignation de l'Exécutif. Reconduit à son poste de chef du gouvernement le jour même de l'investiture du président de la République, M.Ahmed Ouyahia tient toute la société civile et politique en haleine. Annoncé à plusieurs reprises, le nouveau gouvernement n'arrive pas à voir le jour et laisse perplexes nombre d'observateurs sur la scène nationale. Depuis plus d'une semaine, les spéculations vont bon train et tout le monde s'agite à formuler et à avancer des noms. Mais jusqu'à aujourd'hui, rien d'officiel n'a filtré du côté du Palais du gouvernement. L'information relève du «secret des dieux». N'empêche que la société civile avance des noms et ce, en tenant compte des alliances entre les différentes formations politiques ayant soutenu la candidature du président. Une donne nouvelle vient se greffer et rend l'équation du choix du gouvernement complexe. Il s'agit du retour du FLN dans la ligne dessinée par le groupe des redresseurs. En effet, ayant gagné l'élection présidentielle haut la main, les redresseurs ont vite repris les rênes de ce vieux parti et ont accaparé toutes ses structures et infligent, par cette action, une «gifle» des plus cinglantes aux jusqu'aux-boutistes fervents d'une légalité «confisquée». Le FLN amadoué et repris tend à s'ériger comme force politique incontournable dans l'échiquier politique, mais où le RND et le MSP se disputent une grande part du gâteau dans le futur gouvernement. Sans nul doute, cette refonte du paysage politique, voulue par la société civile et exprimée lors de la dernière élection, déterminera à plus d'un titre la couleur du prochain Exécutif. Le Premier ministre a toute latitude pour la formation de son «team» en se référant aux critères de compétence et d'intégrité. Mais là aussi, la prudence est de mise car il risque de réveiller l'ire de ses partenaires politiques, mis hier sous la même bannière pour arracher le pouvoir. Aujourd'hui, tout le monde réclame beaucoup et ce, au nom de cette alliance sacro-sainte pour réélire l'homme de la réconciliation nationale et entamer la série de réformes devant rendre espoir au peuple. Dans ce contexte politique marqué par une attente lente et angoissante, la société civile et politique s'insurge et réclame une clarté équivalente à son engagement du 8 avril dernier. Les tergiversations dont fait preuve l'actuel locataire du Palais du gouvernement accroît le sentiment de «flou» au sein de la société. Pour cette dernière, la participation du FLN, tendance Benflis au gouvernement, ne peut se concevoir. Le coup de grâce reçu en ce 8 avril montre que ce parti doit être rangé au Musée de l'Histoire et laisser, par là, aux autres forces nouvelles, dynamiques, de conquérir le pouvoir. «On ne peut faire du neuf avec du vieux» et le verdict du peuple constitue cet axiome de mesures d'influence du parti FLN sur les masses populaires. Aussi, au regard de certains observateurs de la scène politique nationale, le scrutin du 8 avril dernier, a mis fin à cette ambivalence longtemps restée tacite. En effet, l'Algérie, à la croisée des chemins, a voulu dépasser le seuil de l'incertitude et s'achemine vers une démocratie réelle où les règles du jeu étaient claires pour tout le monde. L'idéal, dans ce contexte, est d'arriver à la formation d'un gouvernement des seules mouvances ayant soutenu la candidature de M.Bouteflika. Cela, pour permettre la décantation des forces politiques en présence et l'émergence d'autres plus concurrentielles qui répondraient sans nul doute aux aspirations de cette jeunesse assoiffée de vie. Ainsi, M.Ouyahia, en homme politique averti, saura distinguer le bon grain de l'ivraie et ne permettra aucune faille. Il est temps d'aller de l'avant et ce, sans concession aucune.