Les acteurs de la classe politique ne sont pas restés insensibles à cette question. La réconciliation nationale est un concept définitivement intégré dans le lexique politique algérien. Ainsi pour un bon nombre des partis politiques, le concept de la réconciliation nationale demeure une «formule-bateau». Elle nécessite, d'après eux, plus d'explications de la part de son initiateur, M.Bouteflika, autant sur sa dimension que sur sa portée pour les années à venir. N'empêche que les acteurs de la classe politique ne sont pas restés insensibles, mieux, ils n'ont pas hésité à s'inspirer de cette «réconciliation nationale», chacun selon son idéologie. Les avis de la classe politique divergent au sujet de la réconciliation nationale. Certains évoquent l'instauration d'une «Algérie sereine » qui se veut à leurs yeux, un prolongement de la politique de la concorde civile, également initiée par M.Bouteflika. D'autres, en revanche, s'expriment en termes d'appréhension. Pour ces derniers, la réconciliation nationale aboutira inévitablement à «raviver les rancunes entre Algériens» c'est-à-dire, sur un effet contraire à celui prôné par M. Bouteflika. C'est le cas du RCD qui considère par le biais de Djamel Ferdjallah que «si la réconciliation nationale vise à mettre sur un pied d'égalité, ceux qui ont les mains tachées de sang avec leur victimes, c'est inadmissible. Egalement, s'il est question de réconcilier le peuple avec le régime qui a ruiné le pays, c'est aussi inconcevable». En décodé, le RCD ne fait que réitérer, d'un côté, l'un des principes de base du parti, à savoir, le jugement des terroristes pour leurs crimes commis sur des milliers d'Algériens, et afficher de l'autre, sa traditionnelle position à l'égard du pouvoir en place. Pour le FFS, autre parti de l'opposition à s'être exprimé sur la réconciliation nationale «ce qui est attendu de la réconciliation nationale, c'est l'ouverture d'un dialogue entre le pouvoir réel et les représentants de la classe politique». Ce dialogue sera affûté, ajoute M.Mammeri, premier secrétaire national du FFS, dans le sens de «la refondation de l'Etat via un changement dans la Constitution consacrant l'émanation de la volonté populaire». De son côté, le mouvement El-Islah, indique par la voix de M.Ben Abdesslam, député du parti, que la réconciliation nationale «devra concrétiser le principe de l'alternance au pouvoir et résoudre la crise algérienne dans ses dimensions multiples». Le parlementaire du MRN ajoute que la mise à jour de la réconciliation nationale nécessite au préalable, l'opposition d'une série de mesures d'apaisement, telles que la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus d'opinion et la prise en charge des victimes du terrorisme. Notre interlocuteur évoque également parmi les objectifs attendus de la réconciliation nationale, l'ouverture du champ médiatique et l'élargissement de la pratique du droit syndical. Pour ce qui est du mouvement des redresseurs du FLN «la réconciliation nationale est le prolongement de la concorde civile qui a démontré son efficacité en matière de lutte contre le terrorisme», nous a déclaré hier, M.Si Affif, l'une des figures de proue du mouvement. Celui-ci a ajouté que «la réconciliation nationale, c'est aussi la consolidation du pluralisme politique et l'acceptation dans l'unité de la diversité d'opinion». L'idée de la réconciliation nationale précise, M.Si Affif, c'est de réconcilier les Algériens entre eux, avec leurs gouvernements et avec leur histoire. Enfin, pour le Parti des travailleurs (PT) la réconciliation nationale signifie «la convocation impérative d'un congrès national regroupant les partis, institutions, corps constitués et personnalités nationales pour que tous s'engagent à tout mettre en oeuvre, afin de sortir l'Algérie de la crise et de restaurer la paix». Une question s'impose au sujet du FD de Sid Ahmed Ghozali et du mouvement Wafa de Ahmed Taleb El-Ibrahimi, deux partis politiques qui depuis 2004 activent sous le sceau de la clandestinité, ces derniers auront-ils leur agrément dans le cadre de la démarche de la réconciliation nationale?