Le maréchal Al-Sissi, bien parti pour être le nouveau président Il devra quitter ses fonctions au sein de l'institution militaire avant de déposer sa candidature, comme le stipule la Constitution. A en croire le quotidien koweïtien Al-Seyassa, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, soit l'homme fort de l'Egypte, annonce désormais sa candidature à la prochaine élection présidentielle, prévue pour la mi-avril. «Oui, la question a été tranchée», a annoncé Al Sissi à propos de sa participation à la prochaine échéance électorale. «Je n'ai pas d'autre choix que de répondre à l'appel du peuple égyptien» aurait-il révélé au journal en question lequel lui a consacré toute une interview. Cette annonce a néanmoins provoqué un petit tollé dans les médias égyptiens qui ont reproché au grand chef militaire de ne pas leur avoir accordé la primeur de ce message. Aussi, le maréchal n'a pas tardé à apporter un rectificatif. L'armée égyptienne a alors affirmé qu'un journal koweïtien avait «mal interprété» des propos du maréchal Abdel Fattah al-Sissi sur sa décision de se présenter à la présidentielle, assurant qu'il réserverait l'annonce de sa candidature au «peuple égyptien». Cet éclairage aura un tant soit peu caressé l'ego d'une presse égyptienne, privée et publique, laquelle n'a eu de cesse de supplier le maréchal de devenir le nouveau «raïs». L'armée a publié un communiqué sans jamais démentir une future candidature. Les propos prêtés par Al-Seyassa au maréchal Sissi «relèvent de l'interprétation journalistique et pas de citations directes», affirme le porte-parole de l'armée, le colonel Ahmed Aly, ajoutant: «La décision de se présenter ou non à la présidentielle est une décision personnelle que le maréchal Sissi prendra devant le peuple égyptien et personne d'autre». «Si c'est vrai, c'est vraiment critiquable», s'était ainsi exclamé dans la nuit Khairi Ramadan, l'hôte d'un populaire talk-show de la télévision privée CBC, lorsque la rumeur de l'interview koweïtienne a commencé à se répandre. «Si vous vous êtes décidé, maréchal, pourquoi ne pas l'avoir annoncé à nous directement?» s'émouvait Ramadan. Sissi est qualifié de «héros national» par les médias et son visage sévère au regard souvent masqué par des lunettes fumées orne toutes les rues, échoppes et administrations du Caire. La grande majorité de la population, qui se dit excédée par trois années de «chaos» depuis la révolte populaire qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir début 2011, le presse de se présenter à la présidentielle. Sa victoire ne fait pas de doute car même les candidats potentiels les plus cités ont annoncé qu'ils ne se présenteraient pas si le maréchal brigue la présidence. L'annonce, prématurée ou «mal interprétée», à un média étranger ne devrait toutefois pas affecter sa popularité dans la rue qui le compare volontiers à l'ancien leader des non-alignés et fondateur de l'Egypte moderne, Gamal Abdel Nasser. Al Sissi n'a eu de cesse d'invoquer l'«appel» des millions de manifestants réclamant fin juin dans la rue le départ de Morsi. Al Sissi a été élevé au plus haut grade de l'armée, un honneur vu par plusieurs hauts responsables comme un «au revoir» de l'armée à son chef, qui devra quitter ses fonctions au sein de l'institution militaire avant de déposer sa candidature, comme le stipule la Constitution.