Sous le soleil de Ghardaïa, des Algériens se font tuer sans que l'Etat ne puisse empêcher le massacre. A quelques mois des examens de fin d'année, les enseignants continuent à prendre nos enfants en otage comme bon leur semble sans qu'aucune autorité ne les en empêche. De son pupitre de chef du FLN, Amar Saâdani a ouvert le feu sur le DRS et son chef, provoquant ainsi un véritable tremblement de terre qu'il a été le premier à ressentir puisque, de toutes parts, on lui est tombé dessus. Il a tiré sur les institutions de l'Etat sans que la justice ne réagisse. Elle est restée bizarrement muette. C'est l'ex-ministre de la Justice qui essaie, de manière détournée, de sauver les meubles et, ce faisant, il accuse à son tour Saâdani de lui avoir proposé de maintenir son poste de ministre de la Justice en contrepartie du «blanchiment» de Chakib Khelil. Mais que se passe-t-il donc dans mon pays? N'y a-t-il plus personne dans la maison Algérie? Amar Saâdani a donné à la justice algérienne 3000 prétextes pour l'entendre, 2000 raisons pour le poursuivre et 10.000 arguments pour le remettre à sa place. Si nous étions réellement dans une démocratie comme on nous le chante à chaque lever du jour, comme des coqs, et à chaque tombée de nuit comme des chouettes, alors cela fait longtemps que les propos du nouveau secrétaire général du FLN auraient dû faire bouger les choses, mais il n'y a pas que lui. Il y a aussi tous ces individus qui, adossés au mur de leurs privilèges, veulent décrocher un4e mandat coûte que coûte, quitte pour cela à parler au nom de Bouteflika, de l'armée, du peuple, et même au nom des morts s'il le faut et à celui des générations à venir et celles qui les suivront. Nulle part dans ce monde, on ne demande un mandat pour autrui. Qui veut postuler à El Mouradia n'a qu'à le faire pour peu qu'il soit éligible et que l'on finisse avec ce cirque de parvenus des temps d'aujourd'hui! Dans aucun pays du monde, on ne parle au nom des autres. Mais chez nous, il y a lieu de constater que Ghoul, Benyounès et Saâdani depuis son intronisation au FLN, ne cessent de marteler les esprits avec le 4e mandat. Bouteflika est malade et nul ne sait s'il a réellement envie de briguer un autre mandat ou s'il veut prendre congé du stress du poste de président. Nul ne sait s'il pense encore à El Mouradia ou s'il rêve plutôt d'un petit endroit calme quelque part. Nul ne le sait et nul ne pourrait le savoir tant que certains se sont chargés de bruiter l'environnement de la manière qu'ils semblent bien maîtriser. Personne ne pourrait dire qui aurait donc lancé ces apôtres du 4e mandat aux trousses du peuple. Ils parlent au nom de qui? A les écouter, on ne comprend plus rien. ils viennent le matin nous informer qu'ils ont commencé la collecte des signatures au profit de Bouteflika puis, le soir, parce qu'au ministère de l'Intérieur on affirme que Bouteflika n'a pas retiré de formulaire, alors ils se rétractent et commencent à bégayer. Personne n'a encore oublié ces mots de Saâdani: «L'Etat de santé du président s'améliore» et,«le moment venu, poursuivit-il, il conduira lui-même la campagne électorale, même si son bilan durant ses trois mandats lui suffit». Avait-il alors pour mission de berner les Algériens ou bien, là non plus il n'était pas conscient de ce qu'il faisait? Qu'arrive-t-il donc dans mon pays pour qu'il n'y subsiste plus de repères, de limites, de domaines... Rien de tout cela, en effet, n'existe plus depuis des années. Chacun fait ce qu'il veut, quand il veut, comme il veut et là où il veut! Le pays n'en peut plus de sa fatigue et, paradoxalement, des ministres trouvent le coeur et le temps de danser! Le lait n'existe plus sur les étals et le ministre du Commerce jure que ce n'est pas vrai! Bouteflika ne dit rien, mais tous parlent en son nom, surtout ceux qui ont mangé, ceux qui mangent et ceux qui comptent encore manger à un moment où le pays aurait, semble-t-il, perdu ses hommes.