La situation risque de se compliquer et de s'aggraver sous l'effet des conditions climatiques. Les criquets s'apprêtent à envahir Alger et ses environs si la météo jouait, évidemment, en leur faveur. Mais en attendant, le pire semble en passe d'advenir puisque le fléau, arrivé à Médéa, ville céréalière par excellence, occupe désormais pas moins de 23 wilayas, sur une superficie de plus d'un demi-million d'hectares, dont les hautes plaines, réputées être le grenier de l'Algérie. Bien que les moyens matériels et humains fournis par les pouvoirs publics pour freiner l'avancée vertigineuse des insectes pèlerins vers le nord du pays, semblent porter leurs fruits, la situation dans certaines localités est, en revanche, à l'appréhension. Dans la wilaya de Médéa, distante d'une centaine de kilomètres d'Alger, les premières nuées de criquets provenant notamment de Laghouat, ont fait leur apparition depuis quelques jours. Ces propos, qui se veulent rassurants, tranchent quand même avec la réalité du terrain puisque l'Algérie avait tout fait pour stopper le fléau à ses frontières en dépêchant en Mauritanie des brigades de l'Inpv qui sont restées peu efficaces face à l'ampleur du phénomène. M.Moumen Sid-Ali, responsable des services phytosanitaires au ministère de l'Agriculture, se veut toutefois rassurant en mettant en valeur les résultats «probants» du dispositif mis en place par l'ensemble des acteurs chargés de la lutte antiacridienne. Selon lui, dans 23 wilayas, 400.000 ha ont été traités sur une superficie de 550.118 ha infestés. Les wilayas les plus touchées par le phénomène sont El Bayadh, Naâma, Béchar, Laghouat, Djelfa et Ghardaïa. Elles représentent à elles seules, 80% des zones infestées, selon notre source. Elles font face depuis quelque temps à la propagation des larves dont la voracité et le mouvement sont plusieurs fois supérieurs à ceux des adultes, d'où la crainte réelle de la persistance de ces «indus-visiteurs» dans les régions évoquées. Les différents services chargés de la lutte antiacridienne, à pied d'oeuvre depuis plusieurs mois, font, d'après M.Moumen, un travail remarquable grâce notamment aux gros moyens assurés par les pouvoirs publics. «Outre l'enveloppe budgétaire de six milliards de dinars accordée à cet effet par le gouvernement, nous disposons de onze aéronefs (5 avions, et 6 hélicoptères). Ce qui a permis de lutter efficacement contre l'invasion acridienne», note notre interlocuteur. Les agriculteurs des régions touchées, engagés aux côtés des équipes de lutte qui sont sur le terrain, ont été équipés, eux aussi, de moyens matériels afin qu'ils mènent leur lutte dans de bonnes conditions. Mais il convient de relever qu'au regard de l'ampleur du désastre, les moyens matériels commencent à faire cruellement défaut, cédant parfois le pas aux vieilles méthodes héritées ancestrales. La bataille que livrent, sans relâche, les équipes spécialisées, contre les criquets est engagée sur plusieurs fronts. Deux avions sillonnent actuellement les frontières marocaines pour endiguer les nuées dévastatrices provenant de cette région. Plus au sud, vers les frontières de la Mauritanie quatre autres aéronefs sont à l'affût de la moindre présence et bloquent les couloirs aériens souvent empruntés par les indésirables insectes. Pour ce qui concerne les wilayas infestées, des mesures complémentaires ont été annoncées par la tutelle. Une équipe de prospection est déjà sur place pour diagnostiquer l'évolution de la situation et inspecter le moindre recoin où se logent les criquets : «Ainsi, les frappes contre les criquets seront plus précises, donc plus efficaces», assure notre interlocuteur, qui, en dépit du ton rassurant dont il a fait montre, laisse entendre que le risque actuel et contre lequel les responsables doivent agir efficacement, demeure la croissance des larves de criquets se trouvant notamment dans les pays du Sahel (Mali, Niger...) qui menace, d'après leurs propos, d'envahir l'Algérie si, bien sûr, les conditions météologiques, vont dans ce sens non souhaité. Le combat continue...