Une commission d'enquête conduite par le ministre Redjimi s'est déplacée sur les lieux hier en début de matinée. Le bilan des décès des bébés nés prématurément dans une clinique étatique à Djelfa s'élève désormais à 14 nourrissons a-t-on appris hier, de source interne. Une commission d'enquête conduite par le ministre Redjimi s'est déplacée sur les lieux hier en début de matinée à l'effet de faire toute la lumière sur les circonstances de la mort des 14 bébés survenue sur une période allant du 1er avril au 5 mai. La visite du ministre a duré deux heures, le temps de visiter les locaux de l'hôpital et de discuter avec les praticiens qui sont sortis de cette rencontre mécontents. En effet, et selon les mêmes sources, le ministre Redjimi a refusé de prendre des sanctions à l'encontre du directeur de l'hôpital et du DSP. Il a tenté de minimiser les faits en indiquant qu'il «allait prendre des mesures en concertation avec le wali et le DSP», lors d'un point de presse improvisé sur place. Selon un praticien, le pédiatre qui a été à l'origine du scandale a vécu «une terrible pression» de la part du directeur d'hôpital et du DSP avant la venue du ministre à Djelfa. Des menaces allant jusqu'à l'emprisonnement lui ont été proférées s'il révélait au ministre le bilan exact des décès survenus. Il a été contraint à son corps défendant de revoir à la baisse le chiffre des bébés décédés dans cette clinique. Un des responsables se targue, en effet, d'avoir des liens très étroits avec le procureur de cette localité. Une petite manifestation a été organisée spontanément par les citoyens pour dénoncer le comportement du responsable de l'hôpital mais sans pouvoir approcher le ministre, lequel dit-on, a été protégé par un important cordon de sécurité. Selon le chargé de la communication, Slim Belkessam, cette commission d'enquête aura à statuer sur la question de savoir si la mort des bébés est survenue sur une longue période (1 mois ou 45 jours) ce qui est selon lui «tout à fait normal en terme de courbe» où il s'agit effectivement de «négligences médicales» auquel cas les sanctions seront prises à l'endroit des responsables une fois identifiés par les enquêteurs. Il s'agit aussi pour cette commission de déterminer si les nouveau-nés sont des bébés à risque, c'est-à-dire présentant un poids faible ou s'ils sont décédés dans des «conditions anormales» en l'absence de toute hygiène. L'origine de l'infection de cette maladie (la septicémie) est survenue lors du transfert des 14 bébés dans une autre salle non désinfectée. La septicémie est une infection générale grave causée par la dissémination dans le sang des germes pathogènes à partir d'un foyer primitif (abcès, anthrax, etc.) . Celle-ci provoque des furoncles contigus au niveau de la peau. Les autorités compétentes étaient au courant de cette affaire si l'on tient compte des avertissements adressés à la tutelle, en l'occurrence le directeur de la Santé et de la population de Djelfa, qui a été destinataire de plusieurs correspondances émanant des spécialistes de l'hôpital le sommant de fermer l'unité néonatalogie. Cette unité de soins intensifs qui prend en charge des êtres fragiles qui par leur âge extrême sont encore plus fragilisés par la pathologie pour laquelle ils sont hospitalisés, d'où la nécessité, selon le Dr Dkhinissa, de «prendre les mesures qui s'imposent pour la prise en charge de leur pathologie et non mettre leur vie en péril». Dans une lettre datée du 8 avril dernier, ce praticien alerte le responsable du secteur sur «l'inquiétante évolution de la mortalité en néonatalogie» au niveau du service en indiquant dans sa missive que depuis le transfert précipité de l'unité «sans préparation au préalable» (désinfection, aération, etc.) il a été constaté une «augmentation très importante de la mortalité notamment par septicémie, de nouveau-nés» où la responsabilité d'une «infection nosocomiale» n'est pas à écarter. Le praticien explique ces dysfonctionnements par la proximité du lieu par rapport à un passage public, l'absence d'isolement, l'absence de toute règle d'asepsie et enfin la diminution du personnel spécialisé. Le praticien ajoute enfin que l'ouverture d'une telle unité obéit à «un protocole technique et des normes d'asepsie strictes qu'il est dangereux d'occulter». La décision de fermeture de cette unité prise par ce praticien et l'interdiction faite à toute hospitalisation en son sein a été décidée afin de dégager sa responsabilité et avertir qu'une réouverture faite sans son aval et sans supervision technique serait désastreuse. Le chef de service de gynéco-obstétrique, le Dr.Zemmar Khaled a lui aussi alerté le directeur de la santé en lui rapportant les «faits graves» commis par le responsable de la clinique, notamment «les dépassements de prérogatives et de compétences en délivrant des autorisations de sortie à des patientes du service» contre l'avis de leur médecin traitant et d'autres griefs ayant trait au fonctionnement du service. En dernier, les 35 praticiens du secteur sanitaire de Djelfa ont transmis le 24 avril dernier au wali et au directeur de la Santé une pétition signée et qui annonce un préavis de grève de la faim de 3 jours renouvelables sans préavis en réaction aux «dépassements répétés du directeur du secteur sanitaire, son abus d'autorité et sa gestion personnelle du secteur et son manque de respect à l'endroit des personnes».