«L'initiative ne sera pas un rendez-vous pour une chasse aux sorcières» L'information rapportée par L'Expression, il y a quelques jours, selon laquelle des personnalités se rencontreront à Alger et se pencheront sur les modalités de règlement de la crise de Kabylie se confirme. Les animateurs de cette rencontre ont finalement arrêté le rendez-vous au 14 juin prochain. Aussi comptent-ils réhabiliter cette date en organisant une rencontre qui «ne sera pas un rendez-vous pour une chasse aux sorcières mais le départ vers des actions concrètes et effectives dans l'unique but d'aller vers un règlement de cette crise». La réunion catégoriquement ignorée et démentie par certains délégués lors de la dernière réunion de la Cicb, aura quand même lieu et l'esquisse d'une véritable fracture se fait réellement sentir. D'ailleurs, on croit savoir que l'interwilayas risque de ne pas avoir lieu suite aux tiraillements qui minent les différentes tendances du mouvement qui, il faut le dire, est en perte de vitesse. Et c'est ce qui a poussé les différentes coordinations à relancer un travail de réflexion sur les perspectives du mouvement. Comme annoncée, la réunion regroupera des industriels, d'anciens délégués, des artistes, des ex-députés et des ex-maires, des hommes politiques ainsi que des personnalités influentes en Kabylie. La rencontre sera couronnée, précisent ses organisateurs, par un appel qui s'adressera à la population de Kabylie et au premier magistrat du pays. Le président Bouteflika sera impliqué personnellement à travers cet appel et sera sollicité en urgence sur les échéances pour le règlement du problème des instances élues en Kabylie. En outre, un document de revendications à satisfaire en urgence, sera élaboré pour le règlement définitif de la crise. Pour revenir au choix du 14 juin, la date représente une symbolique et un moment historique pour le mouvement citoyen de Kabylie. Les archs, alors au sommet de leur mobilisation ont réussi, le 14 juin 2001, soit trois jours après l'adoption de la plate-forme d'El-Kseur, une mobilisation citoyenne jamais connue dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Plus de trois millions de personnes, convaincues par la cause citoyenne venues pour leur majorité de Kabylie, ont déferlé sur la capitale pour manifester pacifiquement. Ce qui allait être ce-jour là une fête s'est transformé en drame. La thèse avancée par les autorités répercutée par la télévision, selon laquelle toute cette violence serait le fait exclusif de groupes de fanatiques «venus incendier Alger», a dédouané individuellement et collectivement les autorités de leur responsabilité dans les dérives orchestrées ce jour-là. Cette version s'est imposée dans une partie de l'opinion avec une facilité surprenante. Pourtant, les observateurs qui ont suivi de près ce mouvement ont noté beaucoup de choses bizarres qui se sont déroulées le 14 juin 2001et qui les ont amenés à s'interroger sur les raisons de cet échec voire même à formuler l'hypothèse d'une collusion entre certains délégués des archs et les autorités. Le doute devient plus grand encore lorsqu'on sait, notent ces observateurs, que les archs avaient toute la latitude d'appeler eux-mêmes les autorités au dialogue puisqu'ils étaient en position de force. Pis encore, avancent les mêmes observateurs, les délégués les plus actifs, les plus honnêtes ont été isolés ou discrédités aux yeux de l'opinion locale, pour laisser grandes ouvertes les portes de l'aventure qui perdure encore.