img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P140311-07.jpg" alt=""Une fiction sur une période trouble de l'Algérie"" / Entamé il y a neuf ans, le film L'Andalou sera enfin dévoilé jeudi prochain à partir de 18h à la salle El Mougar. Un film historique titanesque dont l'équipe technique et artistique qui n'est autre que les comédiens, mais aussi la monteuse Mina Chouikh et sa fille, productrice de Acima Film ainsi que le réalisateur et scénariste Mohamed Chouikh, étaient là hier matin à la salle Atlas de Bab El Oued pour en parler. Exit la guerre d'Algérie, le film tourne autour d'une période moins méconnue de notre histoire, une histoire antérieure à la colonisation française et plus «trouble». Mohamed Chouikh qui s'est déjà intéressé à de nombreuses personnalités historiques, dont Ibn Khaldoun, avait, lors de ses recherches autour du poète Ben Makhlouf décidé de laisser tomber momentanément ce poète pour se consacrer à l'adaptation cinématographique de son roman en chantier portant sur une période charnière de l'Algérie. Si les légions arabes ont conquis l'Espagne durant sept siècles, les conquistadors ont dominé l'Algérie durant trois siècles, mille ans d''histoire commune. A travers l'histoire exceptionnelle de L'Andalou, c'est le témoignage dit -on des «prémices d'un déclin qui plongea le Maghreb dans une longue nuit de discorde». L'Andalou raconte ces événements passionnants, émouvants et affligeants dans un Maghreb de confusion, où les généalogies des sultans s'entrechoquaient où les rois furent assassinés par leur progéniture et les princes s'entre-tuaient pour des trônes brûlants qu'ils quittaient aussitôt par les armes. L'histoire de L'Andalou, c'est aussi le soubresaut et les convulsions de l'Algérie marquée par l'exode, la conquête espagnole, l'arrivée des Turcs et les déchirements des princes. «Si les chroniques de L'Andalou s'écrivent avec les chocs de sabres, elles demeurent dans leurs démarches intimes autour d'un homme fragile qui découvre une nouvelle partie dans le coeur d'une princesse...» peut-on lire dans le synopsis. «Déterrer l'histoire de ses ancêtres» a été donc primordial pour Mohamed Chouikh qui soulignera avoir voulu revenir sur un pan de notre histoire, moins connue et qui jusqu'à aujourd'hui continue à influencer notre présent. Aussi, si le film demeure une fiction, il s'inspire grandement de faits historiques de notre pays. En effet, il existe plusieurs versions de la remise des clés de Grenade par le roi Boabdil au roi Ferdinand d'Aragon et à Elisabeth la Catholique. Le réalisateur a dû concilier les différentes versions de cet événement et combiner dans le film un mélange de trois versions, a fait remarquer Mme Chouikh. «Beaucoup de faits sont historiques, mais le film reste une fiction. Je me suis inspirée de la culture populaire. La période a été évoquée à travers la musique, la poésie et les chants populaires. Mes recherches sur Ben Makhlouf auquel je consacrerai un autre film, m'ont conduite à la chute de Grenade et la suite des événements a pris les devants...Mon prochain projet viendra dans la continuité de L'Andalou. Tous les personnages sont historiques. Les rois, les reines, les situations sont réelles. Le seul lien, c'est notre personnage Salim, joué par Mohamed Benbakreti, il est le fil conducteur. Il parle plusieurs langues. Il est l'image du mélange des cultures de l'époque...» révèle Mohamed Chouikh. Pour Mina Chouikh, cette période «trouble» de notre passé est assez méconnue. «C'est pourquoi Mohamed Chouikh s'est penché sur ce sujet car d'autres empires ont existé avant en Algérie. Les conquistadors, les Turcs par exemple. Une période riche, mais controversée...» a propos du décor a-t-elle révélé: «Il y avait une guerre pour conquérir une terre au nom de la religion. On a travaillé sur ce qui existe comme décor dans le Maghreb et notamment sur beaucoup de sites historiques en Algérie, dans des palais et en mer, en Tunisie pour être plus authentique avec les bateaux de l'époque. Le film a justement coûté beaucoup d'argent en termes de reconstitutions, de costumes et de décors...Finalement, on n'a pas tourné en Espagne et à Fez. C'est ça le cinéma, c'est de trouver des endroits et faire croire que c'est dans ces endroits que s'est passée l'histoire. Aussi, en termes de budget, cette coproduction algéro-tuniso-espagnole a nécessité une aide d'un milliard de centimes de la part du Fdatic, un milliard de centimes aussi de la part de l'événement «Alger, capitale de la culture arabe» et de deux millions cinq cents dinars de la part de «Tlemcen, capitale de la culture islamique», le tout en coproduction avec l'Aarc. Présente à cette conférence de presse qui s'est tenue hier à la salle Atlas, la comédienne Bahia Rachedi qui interprète le rôle de la reine Aïcha, a salué le talent de la nouvelle génération en déclarant avoir été impressionnée par leur niveau de maîtrise surtout de l'arabe classique, bien que celui-ci, a avoué Mina Chouikh, a été travaillé pour être proche de l'arabe maghrébin. Pour Hacène Kechache qui joue le rôle de l'émir Hamid El Abd, jouer dans L'Andalou fait suite à sa première expérience cinématographique en 1996 avec Mohamed Chouikh dans L'arche du désert. Il soulignera le caractère calme du réalisateur et son professionnalisme qui vous font apprendre votre rôle et vous guide d'un hochement de tête et de clignement des yeux, le tout dans un climat de tournage des plus «familiaux». Impression partagée par le comédien Tarek Hadj Abdellatif qui joue le rôle du roi Bouabdil, affirmant sa satisfaction d'avoir «intégré facilement une équipe qui travaille dans une ambiance familiale sans aucun préavis en matière de casting, mais en se basant juste sur le professionnalisme de l'acteur. Sentiment encore appuyé par l'acteur et assistant, Redha Laghouati, qui a souligné la disponibilité et la grande générosité du réalisateur Mohamed Chouikh qui a signé «en plus d'un film historique, un long métrage pétri d'émotion, d'amour, de trahison et d'intrigue passionnante, épousant une certaine satisfaction, que l'on espère sera partagée par le public...». Pour Mohamed Chouikh enfin, le plus important était de savoir comment «condenser au maximum cette histoire alors qu'on pouvait en faire plusieurs scénarios. J'ai essayé de réunir toute cette histoire en un seul scénario...et j'ai gardé une autre version pour un feuilleton qui suivra...» Exit le Festival de Cannes, si L'Andalou participera sans doute dans d'autres festivals internationaux, ceci n'est pas la préoccupation majeure de Mohamed Chouikh, fera remarquer Mina. Le plus important, est qu'il soit d'abord vu en Algérie. D'ailleurs, après son avant-première jeudi prochain à El Mougar, il sera à l'affiche durant une quinzaine de jours, après il sillonnera un peu les salles du pays, bon gré, mal gré, en faisant avec les moyens du bord sachant que la plupart des salles sont réquisitionnées actuellement pour les meetings autour de la présidentielle. Aussi, «le volcan» Chouikh n'est pas près de s'éteindre. Et c'est tant mieux pour nous !