Retour tonitruant de Ouyahia sur la scène politique Son passage était très attendu sur Ennahar TV, le nouveau directeur de cabinet du président Bouteflika, Ahmed Ouyahia, a une nouvelle fois démontré ses capacités de communicant en développant un discours d'union pour la stabilité du pays. «Il n'existe aucun problème entre le président Bouteflika et l'armée ou avec une partie du MDN» a tenu à affirmer Ahmed Ouyahia, qui s'est volontairement montré à la fois avec le président de la République et aux côtés de toutes les institutions militaires. Ouyahia a appelé au début de son intervention à un rassemblement de toutes les forces politiques du pays autour de l'Algérie, mettant en exergue les menaces extérieures aux frontières. Dans cette émission spéciale d'une heure et face à deux journalistes vedettes de la télévision privée de Anis Rahmani, l'ancien Premier ministre est revenu sur la candidature du président, qu'il a rencontré à deux reprises, le 27 février durant 90 mn et le 6 mars durant 60 mn, reconnaissant qu'il n'a pas la santé de 1999 et qu'il est bien malade. Mais il ajoute un argument de taille: «Le Président est certes malade, mais il a préservé ses capacités morales et son intelligence», a-t-il dit. Preuve de sa capacité de gérer le pays «les audiences accordées aux officiels étrangers: vous pensez qu'il aurait accordé ces audiences s'il n'avait pas toutes ses facultés morales?», a-t-il ajouté. Interrogé sur son dossier médical, Ouyahia a refusé de répondre. L'ancien chef de gouvernement qui a travaillé au moins sept ans comme chef de l'Exécutif avec le président de la République affirme que Bouteflika possède la même maturité intellectuelle que celle qu'il avait depuis son arrivée au pouvoir. Le président est le seul maître à bord ajoute-t-il: «Depuis l'arrivée de Bouteflika au pouvoir et jusqu'à aujourd'hui, les décisions sont prises à 100% par le Président». Acculé par les questions des journalistes et plus particulièrement celle de Ahmed Hafsi, Ouyahia s'est exprimé longuement sur les relations entre le président de l'institution militaire, niant l'existence d'un conflit entre les deux parties, indiquant que les thèses développées par la presse et les politiques se basent sur de fausses données. Pour argumenter ses propos, Ahmed Ouyahia revient à l'élection présidentielle de 2004, à l'époque, où certains disaient que le général Lamari (à l'époque chef d'état-major) était contre le deuxième mandat. «C'est faux», annonce Ouayhia pour la première fois. «Le général n'était pas contre le Président». Pour lui, le Président n'est ni la fabrication «d'un cabinet noir ni celle des clans», ajoutant que les généraux n'ont jamais fabriqué les présidents en Algérie. L'ancien SG du RND qui a toujours défendu l'armée dans sa lutte contre le terrorisme, a déclaré notamment:«Il est vrai que l'institution militaire, et c'est une tradition que nous avons héritée de la révolution, donne son avis sur plusieurs aspects liés à la gestion du pays. Mais le dernier mot revient au président de la République», avant d'ajouter: «L'Armée nationale est un exemple presque unique au monde dans la discipline», a-t-il conclu. En revanche, ses critiques Ouyahia les a réservées aux adversaires du 4e mandat et plus particulièrement Mouloud Hamrouche soupçonné d'appeler à «un coup d'Etat en invitant l'Armée nationale à intervenir dans cette conjoncture». Il a également critiqué sans les nommer les partisans du boycott, de l'arrêt du processus électoral ou à la manifestation dans les rues, qualifiant leurs actions de «non démocratiques». L'ex-patron du FLN a égratigné au passage le chef du FLN Amar Saâdani, sans également le nommer en déclarant: «Cessez d'appeler à l'instauration d'un Etat civil. Nous sommes dans un Etat civil», a-t-il martelé. Pour le premier homme de communication du candidat Bouteflika, jamais un service de renseignement dans le monde n'a fait l'objet d'une attaque aussi frontale, en référence aux attaques de Saâdani contre le DRS. Durant son intervention, Ouyahia a estimé que les révolutions dans les pays voisins n'ont pas eu les résultats escomptés. «Ni le chômage n'a été résorbé, ni la croissance économique n'a été réalisée, sans parler de l'instabilité et de l'insécurité dans ces pays». Enfin, Ahmed Ouyahia a défendu le bilan de Bouteflika en estimant que sur les 600 milliards de dollars dépensés pendant 15 ans, 370 milliards ont couvert les importations de l'Algérie. Cette plaidoirie du président sera accompagnée par une nomination importante. Ouyahia a été auparavant nommé ministre d'Etat et directeur de cabinet du président de la République, le présentant désormais comme l'homme le plus proche du candidat Bouteflika après Sellal.