Une ultime rencontre visant à aplanir tous les différends doit avoir lieu durant ce week-end. A l'instar du restant des groupes parlementaires, celui du FLN a reçu hier les copies du projet de programme du gouvernement. Dans un cadre concerté, ils se sont penchés sur son étude. Redresseurs et pro-Benflis, qui comptent se réunir ce week-end, iraient quasi unanimement vers son adoption. Si le choix des redresseurs ne fait de doute pour personne, celui des anciens pro-Benflis trouve son explication dans plusieurs raisons pouvant se résumer dans le fait que les divergences ont été évacuées entre les deux parties après la présidentielle, que les programmes de Benflis et de Bouteflika ne sont pas très différents et, enfin, que les cadres et militants du parti savent faire passer les intérêts du FLN et ceux de la nation avant tout autre considération, une fois que le besoin se fait sentir. C'est l'impression globale que nous avons recueillie hier auprès des quelques députés des deux camps avec lesquels nous avons réussi à prendre langue. Contrairement à la rumeur, donc, il n'existe pas de «grand conflit» dans les rangs du groupe parlementaire du FLN. La confirmation nous en a une fois de plus été donnée par les leaders des deux parties censées se disputer le contrôle de cette instance. Ainsi, M.Daâdoua, membre de la coordination nationale du mouvement de redressement, député chargé des élus, nous a-t-il indiqué que «des rencontres régulières ont lieu dans le but d'aplanir les divergences et de se conduire comme un groupe homogène lors des grands rendez-vous qui nous attendent». L'allusion, très claire, concerne les prochains débats autour du programme du gouvernement, qui n'est autre que celui du président Bouteflika. Si, pour les députés redresseurs, le problème ne se pose même pas, il semble qu'il en est de même pour l'autre camp. Ce dernier, conduit par Abbas Mikhalif, avait déjà eu, au plus fort du bras de fer Bouteflika-Benflis, à voter en faveur des ordonnances présidentielles alors qu'il les dénonçait dans un mémorandum comme étant des atteintes à la Constitution. Cela dénote que les députés les plus acharnés dans leurs attaques passées contre Bouteflika savent respecter les lignes rouges à ne pas franchir, aussi bien pour la préservation des institutions que dans l'intérêt du parti lui-même. Abbas Mikhalif, pour sa part, assure que «les raisons des divergences apparues au sein du groupe parlementaire étaient dépassées depuis la présidentielle d'avril 2004». Lui aussi nous confirme l'existence de contacts réguliers d'aplanissement de l'ensemble des différends qui existaient par le passé. Gardant une grande assurance en lui-même, Mikhalif ajoute que «le renouvellement des postes de direction, hormis celui de la présidence de l'APN, se fera selon le règlement intérieur au début du mois prochain». Si l'on exclut le poste de président de l'APN, censé durer le mandat entier, pas moins de 24 fauteuils, et non des moindres, seront ainsi en débat dès le début du mois prochain. Ainsi, la présidence du groupe, de même que celle des commissions, se feront via les urnes, comme cela se fait annuellement depuis 2002. Notre interlocuteur, qui semble en phase avec la majorité des redresseurs, pointe quand même un doigt accusateur en direction de certains «extrémistes qui refusent le verdict des urnes et préfèrent le fait accompli en tentant de recourir à la politique des quotas parce qu'ils savent qu'ils n'ont aucune chance face à leurs pairs pour avoir été absents de l'hémicycle pendant les deux années passées». Le groupe parlementaire, qui recouvre petit à petit son homogénéité et qui a déjà eu à tenir des séances de travail aussi bien avec Abdelaziz Belkhadem qu'avec Abdelkrim Abada, met ainsi toutes les chances de son côté pour préserver la chambre basse du parlement et, partant, sa majorité parlementaire. C'est d'autant plus vrai que même les gens qui étaient hostiles à la candidature de Bouteflika s'accordent à dire, aujourd'hui, comme le souligne le responsable de la direction provisoire du FLN, qu'il n'existe pas une grande différence entre le programme du président et celui du parti.