La rencontre des cadres du FLN, tenue hier à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj, a failli dégénérer. Des cris et vociférations fusaient d'un coin de la grande salle des conférences, faisant régner, l'espace d'une heure, un climat de tension au sein de l'assistance. A l'instant même où les cinq coordinateurs du parti s'apprêtaient à occuper leur place sur la tribune, des voix se sont élevées pour dénoncer la présence de Amar Saïdani et de Abdelkrim Abada aux côtés de Abdelaziz Belkhadem, Salah Goudjil et Saïd Bouhedja. Tous les cinq forment la dernière instance dont le FLN s'est doté en novembre dernier. Les cris venaient d'un groupe de « redresseurs radicaux » qui refusaient de composer avec les anciens « pro-Benflis ». Ils sont encouragés et soutenus par Amar Tou, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, pérore-t-on dans la salle. Ce dernier s'est mis au dernier rang, debout, tout près des « agitateurs ». « Le groupe des cinq est illégitime. La commission de préparation du congrès aussi », a lâché M. Tou, coléreux. Abdelaziz Belkhadem, président de la rencontre, a entamé son « mot » d'ouverture. Il n'a pas encore achevé sa première phrase que toute la salle résonne. Des slogans ont été scandés à gorge déployée tels que « Trois, trois, on veut seulement trois sur la tribune », « FLN à Bouteflika », « Vive le président », « Khaouana (lâches, ndlr) »... Un clash entre les redresseurs inflexibles et les partisans de la réconciliation a été évité de justesse grâce à l'intervention, bien entendu, de Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et de Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale. M. Belkhadem continuait son intervention en essayant de dominer le vacarme qui s'est installé dans la salle. « Soit vous nous laissez poursuivre nos travaux, soit nous allons vous faire sortir de la salle », réagit-il. Les « agitateurs » haussaient le ton. Ainsi, M. Belkhadem a demandé à ce qu'on chasse de la salle les « perturbateurs ». Les agents de sécurité ont, en effet, fait sortir certains « dissidents » qui ne voulaient pas se taire. Et M. Belkhadem, en maître de la rencontre, poursuivait son discours. « Le président de la République est sur le point de lancer un grand projet dans le cadre de la réconciliation nationale. Il s'agit de l'amnistie générale. Projet que le président soumettra à l'approbation du peuple par voie référendaire. Nous devons réagir en conséquence, car notre parti a bien soutenu le programme du président et par ricochet, la réconciliation nationale », a-t-il précisé. M. Belkhadem a rappelé ainsi devant l'ensemble des cadres du FLN, notamment les parlementaires et les ministres, l'urgence d'aller de l'avant afin de dépasser cette étape. « La réconciliation au sein du parti ne veut aucunement dire l'oubli du passé, mais elle vise plutôt à instaurer un climat permettant de dépasser ce passé douloureux pour mieux préparer l'avenir », a-t-il indiqué. Sur sa lancée, M. Belkhadem, qui a toujours prôné la réunification des rangs du FLN, a estimé qu'il est temps pour les « enfants du parti de s'unir pour pouvoir accompagner la mise en œuvre du programme du président et le soutenir dans sa nouvelle perspective. Si le FLN reste encore dans cette situation, ce sera toute la classe politique qui va être touchée. Car c'est notre parti qui vote les lois et approuve les programmes au Parlement. Il est fortement présent au sein du gouvernement et dans les collectivités locales. » Pour lui, le FLN doit retrouver sa stabilité et en finir avec la crise qui perdure depuis près de deux ans, avant que le président Bouteflika ne soumette son projet au peuple. Revenant sur la dissidence qui persiste au sein du parti, M. Belkhadem dira : « Chacun est libre de donner son point de vue, même s'il est contradictoire, en respectant le point de vue de la majorité. Mais nous n'acceptons pas que quelqu'un vienne nous imposer son idée. Notre parti consacre la pratique démocratique dans les règles de l'art. » Concernant la date de la tenue du « congrès rassembleur », M. Belkhadem a indiqué qu'aucune date n'a été fixée. « Nous n'avons pas encore fixé de date précise. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le congrès aura lieu durant le mois de janvier 2005 et sa tenue ne pourra pas aller au-delà de cette date », a-t-il souligné. Les préparatifs vont bon train, selon lui. L'élection des congressistes se fera à la fin de la semaine prochaine. Ensuite, il y aura les congrès régionaux et la désignation des rapporteurs de ces congrès. S'agissant du report du congrès, prévu initialement avant le 1er novembre dernier, M. Belkhadem indiquera : « Matériellement, il était impossible de tenir le congrès. » Pourquoi ? Selon lui, les statuts et la loi organique n'étaient pas encore prêts. Quant au renvoi de sa tenue jusqu'en 2005, le coordinateur du FLN citera un autre inconvénient. « Nous sommes à quelques jours de la fête de fin d'année. Les hôtels affichent complet et il n'y a pas où nous pourrions réunir 2000 à 2500 congressistes », précisera-t-il, ajoutant que les frais du congrès vont être payés par les cotisations des cadres et militants du parti.