Tous les observateurs s'accordent à dire que ce round a toutes les chances d'être l'ultime et le bon. La Kabylie, qui continue de vivre au rythme des dialogues avortés et d'une plate-forme qui tarde à être satisfaite, aura elle aussi à passer par cette «grande réconciliation nationale». Si Bouteflika compte mettre le paquet en matière d'enveloppes budgétaires d'aide au développement, il escompte également arriver à un accord satisfaisant et juste qui permettra à cette région de renouer enfin avec un fonctionnement normal sous la direction d'élus dûment choisis par le peuple. Ouyahia, dès que son programme sera adopté par les deux chambres parlementaires, aurait pour mission prioritaire de renouer le dialogue avec le mouvement des archs dans le cadre d'une initiative mise en place par des intellectuels et des hommes politiques venus de divers horizons afin d'aider à aplanir les divergences. Le programme, qui demeure dans le vague, indique simplement qu'«en tant que langue, Tamazight sera consacrée dans son statut constitutionnel langue nationale...». Il est ajouté plus loin que «le gouvernement oeuvrera au parachèvement du règlement de la crise qui a éclaté il y a trois années, dans la région de la Kabylie». Un énième appel sera ainsi lancé devant les représentants du peuple à partir du siège de l'APN: «Le gouvernement qui tend la main pour la reprise de ce dialogue est également déterminé à aller de l'avant dans le règlement de cette crise (face à laquelle) les citoyens ont clairement signifié leur désir d'un dénouement urgent.» Le gouvernement, qui fait montre de sa volonté d'en finir avec cette question, et qui serait en passe de préparer un plan spécial d'aide au développement de cette région, lourd de plus de deux milliards de dollars, revient sur les processus de dialogue qui avaient eu lieu par le passé pour dire qu'«il a permis à chacun de constater qu'il s'agit bien là d'une détermination à rétablir le droit et la paix civile dans cette région du pays, à réhabiliter la dimension amazighe de notre identité nationale au service de l'unité de la nation et, en définitive, à restaurer la construction du développement et du bien-être social au profit de la population de la région». La poursuite de la réforme de l'Etat et de ses missions, suivant le rapport Sbih, qui entre dans ce cadre, accapare également une bonne part d'attention au niveau de ce document. Celui-ci pèche en soulignant qu'un accord aurait été trouvé concernant le statut de la fonction publique alors qu'au contraire de graves divergences continuent d'exister entre la direction de cette institution et l'Ugta dont le projet de loi est contesté par une série d'amendements jugés «irrecevables» et sur lesquels nous reviendrons dans notre prochaine édition. La Kabylie, au bout de trois longues années de protesta, va peut-être récolter enfin les fruits de son combat puisque la volonté présidentielle abonde dans ce sens comme le souligne le programme gouvernemental à travers ce nouvel appel d'Ouyahia. Un appel qui, espérons-le, ne restera pas sans écho.