Des chars américains ont pénétré hier au centre de Kerbala provoquant la colère de la population. Kerbala où la tension ne cesse de monter, est sur le pied de guerre, alors que les forces américaines accentuent la pression sur Moqtada Sadr et sa milice, l'Armée du Mehdi. Sans doute est-ce là un test qui fait que quinze chars des marines américains ont pénétré hier jusqu'au coeur de la ville à proximité des mausolées sacrés des imams Hussein et Abbès. Cette incursion a immédiatement provoqué la colère de la population qui a manifesté contre cette agression. Les chars ont rapidement quitté la ville, mais sans doute que les responsables militaires américains vont en tirer des enseignements dont le premier est que, si la population est effectivement excédée par la présence des miliciens de Sadr, elle n'est pas pour autant prête à permettre la profanation de la ville sainte de Kerbala. C'est le même cas de figure à Najaf où s'est réfugié depuis le début du mois d'avril, le chef radical chiite, Moqtada Sadr. Dans cette confrontation un peu singulière entre les forces d'occupation américaines et les miliciens chiites de l'Armée du Mehdi, ce n'est pas une question de rapport de force, totalement inégale et largement en faveur des troupes américaines, mais à l'aura entourant la sainteté des villes chiites, objets des affrontements entre miliciens et marines américains. En réalité Moqtada Sadr et ses partisans ne pouvaient rêver meilleure protection. A défaut d'une vraie bataille, -de fait, plus de cent miliciens ont été tués, tant à Karbala qu'à Najaf cette dernière semaine, sans que les partisans de Moqtada Sadr puissent répliquer de façon à faire douter les Américains-, les uns et le autres veulent prendre leurs adversaires à l'usure, d'où les pressions des militaires américains qui s'accentuent sur les deux villes saintes, ne serait que pour obliger la population à chasser les miliciens de Sadr, ce qui leur donnera de pouvoir passer à l'action. De fait des explosions ont secoué samedi soir la ville de Najaf où des tirs ont été entendus. Ces escarmouches, tout en mettant les nerfs des habitants de la ville à fleur de peau, participent à la guerre larvée que se livrent miliciens chiites et marines américains. Par ailleurs, dans un communiqué rendu public samedi à Bagdad, le comité des Oulémas musulmans d'Irak (sunnite) apporte son soutien aux chiites assiégés à Kerbala et Najaf et dénonce «avec force les actes criminels contre nos frères à Najaf et Kerbala et appelle les forces d'occupation à la raison et à renoncer à la force», appelant en outre les forces de sécurité (irakiennes) «à ne pas tirer sur leurs concitoyens» affirmant que «l'occupation ne sera pas éternelle».