Une cinquantaine de Palestiniens tués ces dernières 24 heures à Rafah où l'armée israélienne poursuit par ailleurs les démolitions de maisons. Mais que fait donc la communauté internationale, impuissante à condamner les crimes d'Israël dans les territoires occupés? Une communauté qui sait pourtant se montrer prompte à réagir quand les attaques sont le fait des kamikazes palestiniens. Un génocide à ciel ouvert, réitérant celui, resté impuni, commis en juin 2002 à Jénine, se déroule depuis trois jours à Rafah, au sud de la bande de Ghaza, sans que l'on n‘entende une seule condamnation ferme de la part des porte-parole les plus représentatifs de la communauté internationale. Certes, Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU avait bien «exigé» un arrêt «immédiat» des opérations de destruction à Rafah et des répressions contre la population palestinienne, exigence qui n'a pas ému outre mesure les autorités israéliennes qui poursuivent leurs exactions à Rafah. On sait, en fait, ce que valent les décisions et demandes des Nations unies, lesquelles jusqu'à ce jour n'ont toujours pas réussi à faire appliquer par Israël les résolutions 242 de 1967 et 338 de 1973, clés de toute solution négociée du conflit israélo-palestinien. Ainsi, Israël vient une nouvelle fois de démontrer qu'il est bel et bien un Etat au-dessus du droit international et des lois communes appliquées aux au-tres nations du monde. Alors que les destructions de maisons se poursuivent depuis une semaine, que l'armée israélienne frappe dans le tas le peuple palestinien (20 Palestiniens tués hier à Rafah et dans le camps de la périphérie de la ville), Washington, qui n'a toujours pas condamné des actes que la simple morale réprouve (destruction à grande échelle d'habitations) - visés directement par la Convention de Genève qui les considère comme des crimes de guerre - demande à Israël des «informations» sur son plan à Rafah, comme l'indique un communiqué du Département d'Etat rendu public le 17 mai. Ainsi, Adam Ereli, porte-parole de cette Administration, à déclaré : «Nous sommes en train de discuter de ce sujet avec le gouvernement israélien, à la recherche d'informations complémentaires (...) sur ce qu'il fait et quels sont ses plans en ce qui concerne la destruction de maisons à Rafah.» Un communiqué totalement en retrait par rapport à la réalité sur le terrain, et que ne rattrapent que partiellement les déclarations du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, qui a affirmé dimanche à Amman que les Etats-Unis étaient «(...) opposés à la destruction de maisons. Nous ne pensons pas que cela soit productif», ou celles de la conseillère, du président Condoleezza Rice, qui a indiqué, lundi à Berlin : «Nous avons dit aux Israéliens que certaines de leurs actions ne créaient pas le meilleur climat pour rechercher une solution en faveur de deux Etats.» Il faut croire qu'Israël n'a besoin que de la protection des Etats-Unis pas de ses conseils, puisque hier encore les destructions et les exactions continuaient à Rafah. Ce qui fit s'exclamer un responsable des services de santé palestinien «C'est un désastre absolu. Nous envoyons des ambulances pour venir en aide à Rafah, mais les Israéliens les empêchent d'arriver sur place.» L'hôpital de Rafah, trop petit, n'arrive pas à recevoir les dizaines de corps qui lui sont amenés quotidiennement affirme ce responsable selon lequel «la morgue est pleine et nous devons utiliser les chambres froides pour les corps. Nous avons besoin d'aide». Pour Nabil Abou Roudeina, conseiller du président Arafat, «ce que fait Israël s'assimile à une guerre contre le peuple palestinien et reflète son indifférence vis-à-vis du Conseil de sécurité qui suit cette agression.» De fait, le Conseil de sécurité s'est réuni mardi à la demande des pays arabes pour adopter une résolution condamnant les exactions israéliennes à Rafah. Un diplomate onusien affirme que le texte arabe bénéficie d'un large soutien de la part des mem-bres du Conseil de sécurité mais se heurte, sans surprise en vérité, à l'opposition des Etats-Unis qui veulent en édulcorer les termes tout en lui adjoignant un ajout demandant aux Palestiniens l'arrêt des attaques «anti-israéliennes». Or, un texte du Conseil de sécurité qui ne condamne pas précisément, clairement et fermement les exactions d'Israël à Rafah équivaudrait à donner carte blanche à l'Etat hébreu pour poursuivre le génocide du peuple palestinien, car aujourd'hui, il s'agit uniquement des exactions de l'armée israélienne à Rafah, lesquelles sont contraires au droit international et à la Convention de Genève. Aussi, y associer abusivement les Palestiniens, c'est admettre qu'Israël serait le seul Etat du monde qui ne soit pas jugé sur ses actes propres et peut tout se permettre sans encourir les condamnations qui seraient celles de tout autre Etat placé dans une situation similaire. De fait, le combat est inégal et c'est un paradoxe que de voir que c'est le pays occupant, Israël, qui bénéficie de la protection de la communauté internationale, celle-ci, semblant à jamais impuissante à mettre un terme aux crimes de l'Etat hébreu envers la population palestinienne.