L'affaire qui tient en «otage» la cour de Chlef, devrait connaître après-demain son épilogue. On ne cessera jamais de signaler à nos lecteurs que la justice excelle dans sa lenteur à aller vers la vérité. Le procès de ce jour face au trio mené par l'excellent Mohamed Telli, plutôt sévère et vigilant, opposant les Bouzar aux Fertas autour d'un lopin de terre du côté de Djendel (Aïn Defla) traîne depuis novembre 2012, soit seize très longs mois. Ce procès qui a donné lieu à plus d'une demi-douzaine d'expertises foncières entre l'instruction, le procès tenu à Khemis-Miliana avec le comportement douteux de... certains magistrats qui sont enveloppés de «chuchotements» et de sous-entendus et celui du trio de Chlef, n'est pas près de connaître son épilogue. Il faut vite préciser que les parties en présence soupçonnent des «entrées-illicites» dans les sphères de la justice. La preuve? Entre-temps, le juge du siège de Khemis-Miliana a été muté à Chlef, cette même juridiction a quitté Chlef pour la jeune et fraîche cour de Aïn Defla où des magistrats qui ont la confiance de Louh sont à pied d'oeuvre pour chasser les démons, surtout que cette contrée de Miliana est un véritable berceau civilisationnel dans le domaine de l'honneur et donc les démons doivent prendre leurs jambes à leur cou, et f...le camp du Zaccar. Bouzar et Fertas se disputaient des terres depuis des lustres. Pour le moment, Fertas et le géomètre de Aïn El Bénian (Boumadfaâ) risquent une peine d'emprisonnement ferme de cinq ans si jamais la vigilance de la chambre correctionnelle de Chlef et son président Telli baissent la garde. Et la garde, ce jour, est amputée car un expert sur les deux, est absent. Le juge baisse la tête, les yeux, le cou, les épaules, se jette sur le dossier et laisse échapper: «La cour est tenue d'avoir à la barre les deux experts surtout que leurs conclusions sont diamétralement opposées!». Maître Abdelkader Bennegueouch et Maître Athmane Djellouli, les conseils des Bouzar, estiment inutiles ces expertises... ce qui permettra au bâtonnier Yahia Bouamama, un des avocats de Fertas et Youssef de balancer: «Monsieur le bâtonnier, la cour va devoir renvoyer à une date ultérieure en attendant la présence de l'expert Safahlou Abdelkader que nous aviserons de manière officielle et dans la foulée, s'il faille arriver à la vérité sans froisser les sensibilités des uns et des autres, les membres de la cour se déplaceront sur les lieux, le dossier l'exigeant d'ailleurs», a presque pensé le haut Telli, ce magistrat du siège à la mine joviale où l'on ne relève aucun «tic» annonçant une quelconque faiblesse. Au contraire, il maîtrise très bien ses audiences avec un gentil parquetier qui suit tout en se mêlant avec un plaisir certain aux débats. Avec cette précision du juge, le bâtonnier Bouamama, fraîchement reconduit à la tête du bâtonnat de Blida pour le...4e mandat, avait reçu une gerbe de bises de près de trente avocats, surtout les jeunes, laissa tomber comme suggestion: «Ça tombe bien, Monsieur le président, comme cela, d'ici cette date, nous allons récupérer les conclusions de l'enquête du juge d'instruction de Khemis-Miliana, à la suite d'une plainte contre l'expert Ahmed Hamdi venu à l'audience très serein et Fertas pour faux et usage de faux.» Le bâtonnier M.F. Ksentini avait, lui, eu la présence d'esprit de marmonner des mots que nous ne saurions reproduire sauf que nous avions bien entendu le mignon reproche de Telli qui avait regretté que le bâtonnier constitué par Fertas ait omis la visite de courtoisie qu'adorent certains magistrats fidèles aux sains us et coutumes de la justice. L'échange a été aimable par ailleurs, car le bâtonnier Ksentini est estimé là où il plaide. Maître Larbi Maâtou, lui, avait suivi toutes ces scènes avec plaisir attendant la date du 23 avril 2014, jour du procès, le dernier, il faut l'espérer surtout que ce dossier relève de Chlef et non de Aïn Defla, car Telli et ses deux conseillers avaient commencé et c'est au trio d'achever ces travaux. Les adversaires, eux, cachaient mal leur amertume à force de renvois!