Des médecins spécialistes plaident la nécessité de développer la greffe d'organes dont celle du rein, à partir de donneurs cadavériques. Près d'une centaine de spécialistes ont pris part samedi dernier aux 14es Journées sur la néphrologie et le don d'organe en Algérie qui se sont déroulées au niveau du Centre hospitalo-universitaire Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou. Cette rencontre a été une tribune pour de nombreux professeurs venus donner des conférences éminemment intéressantes. Il faut dire aussi que les médecins et spécialistes de la wilaya de Tizi Ouzou étaient fortement présents au niveau du bloc pédagogique du CHU où se sont déroulées les conférences. Au côté, des communications données par d'éminents professeurs en néphrologie, il y a eu aussi de bonnes nouvelles pour les malades. C'est ce qui en ressortait de l'allocution d'ouverture du directeur général, le professeur Abbès Ziri. L'orateur a, en effet, indiqué que la transplantation d'organes a fait un grand pas dans notre pays: l'Algérie est au premier rang au Maghreb. Depuis l'année 2006, date de la première greffe rénale, cet établissement régional a effectué 85 greffes rénales sur des malades venus des wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa. Le Pr Abbès Ziri, qui intervenait à l'ouverture des travaux, a expliqué que «sur ce total de greffés, 52 sont des hommes, 21 des femmes et 12 des enfants», rappelant que les deux premières greffes rénales pratiquées au CHU de Tizi Ouzou, en 2006, sur un homme et un enfant, ont été l'oeuvre de l'équipe du Pr A. Barama. Avec la maîtrise de cet acte chirurgical et la formation de spécialistes du CHU à la pratique de la transplantation rénale, l'activité s'est progressivement développée. En 2007, sept greffes ont été pratiquées, 17 en 2008, 10 en 2009, 12 en 2010, 11 en 2011, 9 en 2013 et deux depuis le début de l'année en cours, a-t-on informé de même source.Toujours au chapitre des bonnes nouvelles, le Pr Ziri révèlera que les équipes médicales du CHU de Tizi Ouzou effectueront, pour la première fois, la première greffe de la moelle osseuse. Les pouvoirs publics sont en phase d'acquisition de l'irradiateur, machine hautement technologique nécessitée par ce genre d'opération et qui coûte cinq milliards de centimes. Cette rencontre scientifique qui a permis de faire un point de situation sur l'évolution de la transplantation rénale en Algérie et au CHU de Tizi Ouzou, en particulier, a été l'occasion pour les participants de souligner la nécessité de franchir une nouvelle étape dans cette procédure en pratiquant le prélèvement d'organes sur les victimes de mort violente, telles que les accidents de la circulation ou des personnes en état de mort cérébrale. Le Pr Brahim Boulassel, chef de service médecine légale au CHU de Tizi Ouzou, a indiqué que le nombre des insuffisants rénaux est en augmentation en Algérie tandis que celui des greffons reste bas. «Une pénurie d'organes qui s'est aggravée ces 15 dernières années», a-t-il précisé, observant qu'actuellement, les transplantations rénales effectuées se font à partir de donneurs vivants apparentés. Ce spécialiste estime que le retard accusé en matière de prélèvement d'organes sur cadavres s'explique par «une insuffisance organisationnelle puisque l'encadrement juridique et religieux existe», rappelant que l'Algérie a été l'un des premiers pays musulmans à promulguer, en 1972, une fatwa assez explicite autorisant cette démarche. A ce propos, M.Sellami, de la direction des affaires religieuses, a observé que l'Islam qui encourage les fidèles à sauver et à préserver la vie humaine, stipule clairement que «quiconque fait revivre une personne doit être considéré comme ayant fait revivre l'humanité entière» (S5 V 32) et que le don d'organes est considéré comme «un acte de charité courant pour la personne décédée». Le Pr Abbès Ziri, DG du CHU de Tizi Ouzou, a rappelé que «cet établissement de santé compte organiser sa première greffe rénale à partir d'un donneur cadavérique au courant de cette année». Pour cela, il est prévu, entre autres, la mise en place d'une table opératoire de prélèvement d'organes sur des personnes en état de mort encéphalique, d'une banque d'organes, l'acquisition de produits de conservation et l'instauration d'un circuit de communication fluide entre les différents services (réanimation, urgences, médecine interne.). Dans son allocution, le Pr Hiesse a estimé que l'Algérie est la première au Maghreb en matière de transplantation d'organes, mais il faut quand même atteindre la norme mondiale encore lointaine. Selon le Pr Abbès Ziri qui a abordé justement ce point, il est attendu la création prochaine d'une banque d'organes constituée de prélèvements sur des morts encéphaliques causés par des accidents de la circulation essentiellement. Le point de vue religieux, selon le PrBelhocine, chef de service de néphrologie de Béni Messous, «dans l'Islam, la transplantation d'organe, n'est pas uniquement permise, mais elle est méritoire pour les scientifiques». Enfin, il est à relever que le CHU de Tizi Ouzou mène depuis quelques années une véritable exploration du possible. Des séminaires sont régulièrement organisés pour mettre à jour le facteur humain et le hisser au niveau mondial. D'ailleurs, comme couronnement de cette politique menée par les autorités de wilaya et les responsables du CHU, à leur tête le Pr Abbès Ziri, les pouvoirs publics ont décidé la réalisation d'un second CHU à Tizi Ouzou. Les travaux ont commencé à Oued Fali alors qu'une clinique cardiovasculaire, la deuxième en Afrique, commence à effectuer des opérations à Draâ Ben Khedda.