La signature par le gouvernement soudanais et la rébellion du Spla d'un accord de paix va mettre un terme à 21 ans de guerre civile. Plusieurs mois de négociations serrées ont finalement abouti, mercredi, à la signature d'un protocole d'accord en trois points entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion de l'Armée populaire de libération du Soudan, Spla, de John Garang. Plusieurs fois espérée et autant de fois différée, la signature est intervenue finalement mercredi à Naivasha, au Kenya, après d'ultimes tractations. Il est vrai aussi que, pressés par la communauté internationale et singulièrement les Etats-Unis, qui supervisaient de près les progrès des négociations, les belligérants soudanais n'avaient pas d'autre alternative que de s'attendre quitte à y mettre le temps qu'il faut. Et effectivement les négociations menées, au plus haut niveau, par le vice-président soudanais, Ali Osmane Taha et le chef de la rébellion sudiste, John Garang, maîtres d'oeuvre incontestés de l'accord auquel sont arrivées les deux parties, ont connu des hauts et des bas, faisant même douter sur les chances d'un accord. Aussi, commentant ces accords, John Garang, qui vient ainsi de réaliser les objectifs que s'est tracés le Spla, ne cachait pas son bonheur, indiquant : «C'est une occasion très importante dans l'histoire de notre pays» ajoutant très lyrique : «Nous avons atteint le sommet de la dernière colline dans le cadre de notre ascension des monts de la paix. Il n'y a pas d'autres collines. Je pense qu'il ne reste que du plat». Ces propos ont été vigoureusement approuvés par le vice-président, Osmane Taha, qui confirme : «C'est un jour important pour le Soudan, pour la paix, le développement et la stabilité» soulignant : «Il est maintenant de notre responsabilité de transformer ces mots en actes avec la même détermination afin de faire la paix». Un autre homme heureux, c'est encore le président kenyan, Mwai Kibaki, qui déclare «C'est une victoire non seulement pour le peuple du Soudan qui a si passionnément désiré la paix et la stabilité de son pays, mais aussi pour le continent tout entier». Le Kenya en effet, accueille depuis plusieurs mois les négociateurs soudanais, Nairobi ne ménageant aucun effort pour aider les deux parties, rappelle-t-on. Les trois protocoles d'accord signés à Naivasha, portent sur le partage du pouvoir et les trois régions disputées des Monts Nouba, du Nil Bleu occidental et de l'Abyei, dans le centre du pays. Selon l'ambassadeur du Soudan au Caire, Ahmed Abdel Halim : «L'accord final» de paix «sera signé en juillet», après, indique-t-il, la mise au point par les deux parties «des modalités d'un cessez-le-feu- permanent» et la définition «des garanties d'application de l'accord» de paix. L'ONU et les Etats-Unis n'ont pas manqué de faire immédiatement part de leur satisfaction après la signature de l'accord global de paix entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste du Spla. Toutefois, cet accord tant attendu et espéré, est quelque peu terni par la recrudescence des violences au Darfour où la situation est plus que jamais préoccupante, alors que le cessez-le-feu, signé en avril dernier est menacé d'être rompu par les deux mouvements rebelles du MJE et du MLS si Khartoum ne désarme pas et ne neutralise pas les milices pro-gouvernementales qui font beaucoup de dégâts dans la province. Mais le danger urgent en fait, est que le Darfour est aujourd'hui menacé d'une catastrophe humanitaire comme n'ont cessé de le dire les ONG humanitaires qui n'arrêtent pas de tirer la sonnette d'alarme.