Quelle que soit l'issue de ce «combat», le poste sera toujours aux mains du FLN. C'est ce que nous ont affirmé hier de nombreux ministres, membres du mouvement de redressement, rencontrés hier au siège national du FLN. L'un d'eux, Abdelaziz Belkhadem, a «salué le courage politique de Karim Younès, dont le militantisme et l'exemplarité forcent l'admiration». Belkhadem, qui dément catégoriquement l'existence de la moindre pression exercée sur lui, martèle au contraire que «ce monsieur a expliqué aussi bien les raisons qui ont motivé cette décision que celles qui l'ont retardée de presque deux mois». Moins «diplomate» dans le propos, Amar Tou, ministre des Postes et Télécommunications, ne manque pas de mettre en avant «l'éthique politique et la rectitude morale de l'ancien président de l'APN», avant de le citer en exemple pour «inviter tous ceux qui sont dans le même cas, afin qu'ils se retirent avant qu'il ne soit trop tard, par la grande porte de l'histoire». Même son de cloche du côté du ministre du Travail. Tayeb Louh, en effet, souligne que «Karim Younès a joué et perdu. En sa qualité de président d'une institution constitutionnelle, il se devait d'en assumer pleinement les conséquences, dont acte». Les trois sources, rejointes en cela par l'ensemble des députés rencontrés sur place nous ont indiqué que «quelles que soient les circonstances, le poste de président de l'APN restera aux mains du FLN». Quant à la question des fameux «équilibres régionaux», il faut dire qu'aucun de nos interlocuteurs n'a voulu s'y attarder même s'il est tacitement admis que le futur troisième homme de l'Etat a toutes les chances d'être issu de l'est du pays puisque Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, est du centre, et Abdelkader Bensalah, président du sénat, est de l'Ouest. Abdelaziz Belkhadem, qui serait monté voir Karim Younès immédiatement après sa démission pour l'assurer que le mouvement de redressement n'a jamais cherché sa tête, ni fait pression sur lui de quelque manière que ce soit, a l'intention de mettre le paquet en vue d'assurer à son parti la présidence de l'APN. Dans ce cadre, croit-on savoir, il devait rencontrer hier, les membres de son groupe parlementaire dans le but d'arrêter un candidat unique. Des contacts ont également été entrepris avec les présidents des groupes parlementaires du MSP et du RND, respectivement Abderrezak Mokri et Miloud Chorfi, afin de les amener à ne pas présenter de candidature, mais aussi pour soutenir celle du FLN, dans le cadre des «deals» contractés au sein de la fameuse Alliance présidentielle. Dans l'état actuel des choses, nous apprenons que trois noms reviennent avec insistance pour la succession de Karim Younès. Il s'agit de Layachi Daâdoua, Boualia Boulahouadjeb et Mohamed Saïdani. Les trois hommes, qui jouissent d'atouts sérieux, disposent de très peu de temps pour convaincre leurs pairs, puisque un seul d'entre eux se présentera en fin de compte, afin de ne pas disperser les voix des électeurs. Dans le cas où le mouvement El-Islah ne présente pas de candidat, sachant qu'il n'aura aucune chance de passer, il y a fort à parier que l'on s'achemine vers un scénario à candidature unique, avec un simple vote à main levée. Simple formalité, en somme. Ce qui pousse Belkhadem, un moment «déstabilisé» par la démission de Karim Younès, à soutenir mordicus que «dans tous les cas de figure, la présidence de l'APN restera aux mains du FLN». Le bureau du FLN, qui s'est réuni hier, a constaté officiellement la vacance du poste de président, avant d'en saisir la commission juridique que préside Tayeb Ferhani du FLN. Une séance plénière destinée à valider cet état de fait, en vue de programmer une élection interne, doit ainsi avoir lieu ce mercredi à 14 heures. Si le FLN fait montre d'un optimisme sans faille concernant l'issue de cette «mauvaise passe», il ne fait aucun doute que le nom du futur troisième homme de l'Etat sera connu avant la clôture de la session de printemps.