En voulant aménager un passage sur le terrain du voisin, Aouinet et ses deux gamins se retrouvent dans la mélasse des poursuites... Le pauvre bougre, père de neuf enfants, est détenu, selon Maître M'hamed Chemlel, abusivement pour une pseudo atteinte à la propriété et destruction de bornes limitantes, fait prévu et puni par les articles 386 et 417 du Code pénal. Mohamed Aouinet, cultivateur dans la wilaya de Tipasa, avait une mine défaite aux côtés de Ahmed Aouinet et Hamid Aouinet les deux garçons poursuivis au même titre que le papa en citation directe pour un flagrant délit d'atteinte à la propriété et destruction de bornes de limites. Les faits survenus à Bouharoun opposent la victime, un septuagénaire, aux Aouinet que l'avocat présente comme victime. «Qui a démonté le grillage? demande» Rabah Baric, le juge de Koléa. «C'est moi, monsieur le président» répond sans détours l'inculpé détenu qui est vite invité par le président à se remémorer cette histoire d'ouverture d'un passage réglementaire qui ne soit pas hors-la-loi surtout que c'est l'APC qui a procédé à un démenti car la justice a tranché dans ce dossier. «Nous n'avons rien à voir dans cette affaire, ni de près ni de loin»,: avait alors articulé le maire de Bouharoun. Le juge rappelle l'arrêt définitif et donc le dernier mot reste à la justice. Les deux inculpés non détenus veulent se mêler, le magistrat les fait taire et relit un passage de leur audition durant l'enquête préliminaire: «Nous n'avons rien à voir dans cette histoire de passage ouvert!» Baric a tenu aussi à rappeler que le lopin de terre relève des compétences de l'huissier de justice pour ce qui est du constat de l'atteinte... L'inculpé reste interdit alors qu'un de ses enfants nie être entré dans la parcelle. Le second rejeton inculpé cherche à expliquer l'inexplicable mais Baric l'arrête: «De quoi vous mêlez-vous, vous? Vous n'avez aucun droit de piétiner la terre qui ne vous appartient pas!» tonne le juge du siège qui invite la victime, un prof d'université, à donner sa version. Stupeur, la victime parle d'agression et sort de sa poche des certificats médicaux et se plaint que le grillage n'ait pas encore été remis en place. L'inculpé, sans paniquer, malgré la détention préventive, reconnaît que ce qu'il fait est illicite. Maître Ali Benrebiha suit les débats et de temps à autre, pose des questions dont les réponses des parties le rassurent. Il est même presque heureux que le détenu reconnaisse son délit. Il s'est alors étalé sur le prétexte de l'enclavement de l'inculpé pour humilier la victime, allant jusqu'aux agressions répétées. Rabah Baric, le président, lui, a préféré «exclure» des débats, l'APC et les procédures habituelles lesquelles n'apportent rien à la compréhension du dossier. «On ne peut pas vouloir se désenclaver sans s'enliser dans l'interdit, les poursuites et tout le chapelet qui suit» a martelé Rabah Baric, ce magistrat du siège qui va beaucoup mieux qu'il y a un mois avec le renfort du jeune Nouri qui a pris la seconde section correctionnelle détenus allégeant ainsi et de loin le rôle du dimanche. D'ailleurs, Malek Drissi, le procureur, n'a fait aucun cadeau aux trois inculpés en rappelant au président «qu'ils ont non seulement construit illicitement mais encore fait preuve de hogra vis-à-vis du professeur en retraite.» Plaidant pour la victime, Maître Benrebiha va s'atteler aux seuls, délits retenus par le parquet. Il commence par un verset du Coran avant de répéter que son client est victime de hogra de la part de ses voisins mitoyens. «Il a été menacé, agressé et empêché d'exécuter les décisions de justice définitives. La violence à laquelle se sont heurtés, la victime et son conjoint est franchement amère. Il montre au seul juge, des photos que ne regarde même pas Baric car elles ne se trouvent pas dans le dossier. Il demande 200 millions de centimes à titre de dommage et intérêts. Malek Drissi le procureur regrette que des voisins se prennent à la gorge faute de dialogue et d'entente, ni de respect mutuel. «C'est dommage, oui! La victime est propriétaire d'une parcelle dûment acquise. Et voilà que les Aouinet se sont empressés de l'empêcher d'exploiter cette terre et sont allés plus loin: user de violence!» a articulé le procureur qui a requis 5 ans ferme et dix millions de centimes d'amende. Visiblement retourné, Maître M'hamed Chemlel, l'avocat des Aouinet évoque d'emblée la hogra émanant d'un voisin prétendu «frère»: «Allah n'aime pas l'injustice et mes clients sont victimes d'injustice car nul n'est au-dessus de la loi. Mon client est enclavé dans ce terrain. Il lui faut bien un passage pour respirer, bouger, sortir, rentrer...», s'est écrié le membre du conseil de l'Ordre de Blida qui a fait un léger rappel de l'historique du dossier en rappelant que ledit terrain est la propriété de la seule APC (le juge l'interrompt pour lui siffler que les choses doivent être réalisées en bonne et dûe forme). Maître Chemlel est alors poussé à énumérer les dates: 13 avril 2014. Le parquet à la même date évoque l'audition des parties. La police judiciaire les entend le 13 mai 2014. Il s'agit des compléments d'audition de la police et de l'APC le 4 mars. Depuis le 18 janvier 2014, soit une année après, le procureur réentend les inculpés en renvoyant à plus tard la suite à donner. L'avocat met en exergue l'exigence du respect de la loi en ordonnant l'annulation des procédures, surtout que les accusations de la victime concernent les coups et blessures volontaires sans preuves ni témoins: où est donc la justice dans tout cela? Peut-on faire confiance encore à une justice qui n'a que de simples déclarations? Il n'y a rien eu de tout ce qu'a raconté le vieux voisin qui a exagéré les faits, voulant les punir d'avoir ôté le grillage les empêchant de respirer. Il n'y a ici personne qui puisse témoigner d'un quelconque délit. Puis Maître Chemlal est revenu avec un sourire persuasif sur cette date du 23 avril 2013, date des faits alors que 13 mois plus tard, à la présentation par-devant le parquet ordonne l'opportunité des poursuites pour un délit flagrant. Et là, le défenseur a dit au juge son indignation devant une telle dérive: «D'autant plus que les mêmes faits ont déjà été étudiés par le même tribunal en...octobre 2013!» Qu'est-ce donc que ce tableau, monsieur le président, à qui il est demandé de bien examiner le dossier lors de son examen. Une mise en examen qui verra Baric condamner les trois Aouinet à un deux ans ferme sans état d'âme. Reste l'appel et Tipasa où Tayeb Ouabel qu'on taxe de magistrat lourd en audience mais aussi et surtout ayant la main lourde et froide. Aïe, aïe, aïe! Quant à Maître Chemlal, il promet une rude plaidoirie devant le trio de juges avec la ferme intention d'au moins ôter le... terme...