La tendance globale, jusqu'à hier après-midi, était à l'élection d'Amar Saïdani à la tête de la chambre basse du parlement. C'est aujourd'hui que l'APN doit se réunir en une séance plénière historique dans le but de constater, puis d'entériner, la vacance du poste du troisième homme de l'Etat. La commission des affaires juridiques avait tenu séance la veille, en présence du président par intérim, l'élu FLN Tayeb Ferahi, dans le but de dresser le même constat et de convoquer la plénière selon le règlement intérieur de la chambre basse du parlement. Les mêmes textes de loi prévoient que l'élection du nouveau président doit se faire dans les 15 jours qui suivent ce constat de vacance, c'est-à-dire avant le 21 du mois courant. La liste des candidatures, elle, sera ouverte dès aujourd'hui. C'est précisément sur ce point précis que les spéculations, mais aussi les tractations de coulisse, continuent d'achopper. Dans les rangs du FLN, où les choses sont loin d'être aussi roses qu'elles le paraissaient le jour de l'installation de la commission de préparation du 8e congrès, des sources proches de la direction de ce parti nous confirment que «les tractations, qui se poursuivent encore, achoppent toujours sur trois candidatures au moins». Il s'agit d'Amar Saïdani, Boualia Boulahouadjeb et Layachi Daâdoua. Hier, jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse, la tendance la plus lourde allait au premier nommé, député d'El-Oued (sud-est du pays, ce qui préserve le fameux équilibre régional) et ancien président des comités de soutien à la candidature de Bouteflika. Si aucun consensus n'a encore pu être trouvé dans les rangs du parti majoritaire à l'APN, conscient que l'enjeu est trop gros pour être pris à la légère depuis la perte du sénat et du gouvernement, c'est que les problèmes internes sont encore loin d'être totalement aplanis. Abdelhamid Si Afif, qui occupe officiellement un des six bureaux mis à la disposition des redresseurs sur la trentaine que compte le siège national du FLN, dénonce avec vigueur «les nouvelles manoeuvres que mène l'aile d'Abdelkrim Abada». Celle-ci, selon lui, «est certainement manipulée par des mains invisibles que n'arrange pas le règlement de la crise du FLN». Notre source nous apprend que si un accord avait pu être trouvé sur la liste nominative des 169 membres de la commission nationale de préparation du 8e congrès, «nous avons été très surpris, le jour de son installation, de voir qu'une vingtaine de noms avaient été enlevés pour être remplacés par d'autres». Jusqu'à présent, cette affaire, qui avait soulevé le courroux d'Amar Tou, n'a pas été réglée. Idem pour la désignation des trois autres personnes issues du camp des anciens pro-Benflis censées seconder Abada dans la gestion des affaires courantes du FLN. Côté redresseurs, les quatre personnes sont Bouhedja, Si Afif, M'chebek et Nehad. A en croire des sources, la raison de cet attentisme «serait liée à des luttes intestines dans les rangs de l'aile Abada». Explication : «Si ce dernier se trouve dans la commission chargée de gérer les affaires courantes du parti et Goudjil dans celle qui a en charge la préparation du congrès, ainsi, seuls trois postes restent encore à pourvoir sur la dizaine de personnes qui restent». C'est dans une pareille conjoncture, où l'incertitude le dispute âprement à l'ampleur des enjeux, que les outsiders se pressent désormais au portillon. Après le «ballon sonde» du président du MSP, qui ne désespère pas de devenir président de l'APN grâce à un petit coup de pouce de «l'Alliance présidentielle» et des tractations de coulisse que l'on suppute à très haut niveau, voici venu le tour des indépendants de monter au créneau. Ces derniers, qui ont tenu hier une réunion à leur bureau de l'APN, ont décidé de présenter leur propre candidature. Forts de 29 élus que préside Djaâfri Imad, ils viennent de décider de présenter la candidature du député Djammaï Mohamed, lequel occupe présentement le poste de vice-président chargé du suivi des affaires administratives et du contrôle financier. Nous en saurons forcément plus lors de la séance plénière d'aujourd'hui. Il y a même de très fortes chances pour que l'on assiste à la présentation d'une unique candidature, «consensuelle» s'entend, avec un vote immédiat à main levée. Affaire à suivre...