L'homme, ancien président des comités de soutien de Bouteflika, avait tout l'air de se préparer à succéder à Karim Younès. Le constat de la vacance du poste de président de l'APN n'a pas fait un pli. C'est à l'unanimité que les 202 députés présents hier au palais Zighoud-Youcef, y compris les élus du FLN après une seconde d'hésitation, ont adopté la motion préparée par la commission juridique relative à la démission de Karim Younès. Aucun des présents, en revanche, n'a voulu s'étaler aussi bien sur les raisons véritables du coup de théâtre de jeudi dernier, que sur les suites qui seront données à cette démission, avec les probables successeurs. Le président par intérim, dans une courte allocution, a tenté de tempérer les ardeurs en qualifiant cette élection, jamais vécue auparavant par la chambre basse du parlement, de «fait très important». Ce que voyant, il nécessite «sagesse, pondération et refus de toute précipitation». C'est pourquoi, au lieu d'ouvrir la voie immédiatement au dépôt des éventuelles candidatures, comme le prévoit le règlement intérieur en de pareils cas, Taïeb Ferahi a préféré temporiser en insistant sur la volonté des membres du bureau de l'APN, à majorité FLN, de prendre langue avec l'ensemble des présidents des groupes parlementaires afin d'appréhender correctement l'événement, mais aussi de mettre en place les mécanisme idoines pour que ce scrutin se déroule dans les conditions les meilleures. Selon des commentaires faits par des députés qui ont requis l'anonymat, il ne s'agissait rien moins que d'une invitation aux députés à «ne pas se lancer dans un choix inconsidéré qui risquerait de leur coûter cher par la suite, et même de déconsidérer plus encore l'APN aux yeux des citoyens». Or, certains députés ne l'entendent pas de cette oreille. Les couloirs bruissaient inlassablement du seul nom qui semble avoir été retenu. Il s'agit d'Amar Saïdani. L'homme, figure de proue du mouvement de redressement du FLN, connu pour être un pur et dur dans sa lutte contre les anciens pro-Benflis, avait pris la direction des comités de soutien à un second mandat du président Bouteflika. Député du Sud-Est algérien, ce qui lui permet de respecter les «incontournables équilibres régionaux», il a, lui aussi, adopté la digne attitude de celui qui se prépare à occuper de hautes et constitutionnelles fonctions. Rencontré dans les couloirs de l'hémicycle, en effet, il s'est contenté de nous dire, à demi-mot que «sa candidature n'a pas encore été décidée par les instances habilitées». Face à notre insistance sur la décision que prendra aussi bien le groupe parlementaire de son parti, où deux candidats lui font déjà de l'ombre, que sur la décision finale et collégiale qui devrait être celle de l'Alliance présidentielle, il nous a appris qu'«aucune rencontre relative à cette question n'a encore eu lieu». Confirmation nous en est fournie par des députés du RND, du FLN et du MSP. Tous, en revanche, se sont accordés à nous dire que «rien n'est encore joué puisque les tractations, (jusqu'à hier matin) se déroulaient sous forme de conciliabules et de secrets d'alcôves desquelles tous les scénarios peuvent encore résulter». Nous croyons savoir, en revanche, qu'une rencontre informelle doit avoir lieu ce jeudi, à l'hémicycle, entre les dirigeants des trois groupes parlementaires, en marge de la séance plénière consacrée aux questions orales. Les dirigeants de l'Alliance présidentielle pourraient même y prendre part, exceptionnellement. Toujours est-il que c'est durant ce week-end que tout va se jouer et que le nom du successeur de Karim Younès sera définitivement connu puisque les députés se contenteront juste de formaliser un état de fait décidé, en quelque sorte, ailleurs. Il est à relever, pour finir, que la photo de Karim Younès, à laquelle les vibrants hommages n'en finissent pas d'être rendus, n'a pas encore été accrochée aux côtés de tous ceux qui ont présidé l'APN, au niveau du hall de cette institution, comme c'est la coutume depuis l'indépendance. Une simple omission, il faut l'espérer, qui sera vite réparée...