Les militants de la cause amzighe sont revenus à la charge jeudi pour fêter le 32e anniversaire du 20 Avril et rappeler leur position qui consiste au boycott des élections législatives du 10 mai prochain. Tôt le matin, des jeunes et moins jeunes sont arrivés par petits groupes sur la place publique de la ville de Bouira. Pour meubler l'attente du début des manifestations, des chansons de Matoub Lounès ont été diffusées. À 10h, un meeting a été animé par des militants du RCD et de la première heure du Mouvement culturel berbère (MCB), du Printemps noir et du nouveau Comité national des étudiants démocrates amazighs (Cneda). Meziane Chaâbane, membre APW du RCD et militant de la cause amazighe, a rappelé les acquis des longues années de la lutte qui ont permis l'enseignement de tamazight à l'école et sa reconnaissance en tant que langue nationale mais cela est dû aux sacrifices des militants de cette cause et de la démocratie. “Nous demandons l'officialisation de la langue amazighe et la consécration de la démocratie et des libertés démocratiques”, a-t-il martelé. Mohamed Allouche, autre militant actif du RCD, a rappelé les différentes étapes des luttes démocratiques et culturelles amazighes depuis l'ère de Boumediene et Chadli où les gens n'avaient même pas le droit de parler en tamazight jusqu'à sa reconnaissance comme langue nationale. “Elle est enseignée dans les établissements scolaires et il y a une chaîne de télévision qui diffuse dans cette langue. Malgré ces acquis, beaucoup de travail nous attend. Nous exigeons son officialisation”, dira-t-il. Un représentant du Cneda, qui regroupe en son sein les universités d'Alger, de Bouira, Tizi Ouzou, Boumerdès, Béjaïa, Sétif, Batna et Chlef, a lu une déclaration devant l'assistance, définissant les différentes missions du comité : “Reprendre le flambeau des luttes pour les libertés démocratiques et les droits de l'Homme ; combattre en permanence pour l'officialisation de tamazight”, lit-on dans la déclaration. Après les différentes interventions, la marche s'est ébranlée vers le siège de la wilaya. Des centaines de personnes parcouraient les artères de la rue Benabdellah, place Emir-Abdelkader jusqu'au siège de la wilaya. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place. “Bouteflika, Ouyahia, houkouma irhabia, pouvoir assassin, y en a marre de ce pouvoir, Djazaïr hourra démocratia. Oulach el vote ulach”. Devant le siège de la wilaya, une déclaration, appelant au boycott des élections, a été lue où l'échéance du 10 mai est présentée comme un moment “de renforcement de la dictature (…)”. Un hommage a été rendu aux militants du FFS, Ali Kerboua et Djamel Zenati, pour leurs positions. “Au lieu de courir derrière les privilèges de la députation, ils ont préféré mettre en avant les intérêts du pays”, lit-on. À 11h, la foule s'est dispersée dans le calme. A. D