«L'Anep ne peut pas s'associer à un journal qui n'est pas fiable» «Il faut revoir le fonctionnement de l'Anep selon des normes beaucoup plus rigoureuses et explicables scientifiquement. Quelles sont ces normes? Le tirage et l'éthique», a soutenu le ministre. Dans un entretien paru, hier, dans le journal on line Tout sur l'Algérie, (TSA), le ministre de la Communication a mis le doigt sur les plaies béantes de la presse nationale. Exorcisant le mal et les origines complexes de cette même presse, M.Grine propose une médication en aval et en amont qui peut être douloureuse, mais radicale. «En amont, nous allons saisir le ministère du Travail pour qu'il y ait des inspections pour relever dans les entreprises de presse qui a la couverture sociale et qui ne l'a pas. Qui fait signer des contrats de travail conformes à la législation et qui ne le fait pas.» En aval, le ministre ambitionne de mettre à niveau la presse par un encadrement juridique qui se matérialisera par l'installation de la commission provisoire d'attribution de la carte de presse. «Car on ne peut rien faire avant de recenser les journalistes professionnels. Ces derniers seront identifiés sur la base de leur contrat et de la fiche de la Cnas», a indiqué le ministre. Un travail de longue haleine qui permettra de «sasser» cette corporation où l'ivraie a été semée à volonté. Pour opérer ce tamisage, il convient d'abord d'assainir la situation au niveau du soutien qu'apporte l'Etat à cette presse à travers, notamment la publicité de l'Anep et des imprimeries publiques. «(..) Ne vous en faites pas, les choses sont en train de changer en matière de relations imprimeries publiques-journaux. Désormais, elles seront moins compréhensives», a-t-il promis. Mais seule une vingtaine de titres parmi les 160 sont viables. De nombreux quotidiens vont donc disparaître? interroge TSA, et au ministre de répondre: «Si un journal n'est pas viable économiquement et financièrement et s'il a une mauvaise gestion, il faudrait qu'il arrête. C'est évident.» Hamid Grine repose une interrogation qu'il a eu à soulever en d'autres occasions: «Où va l'argent qu'il gagne grâce à la pub? D'ailleurs, certains voient la pub de l'Etat comme un droit constitutionnel.» La certitude est que cet argent de l'Etat ne va pas dans la poche des journalistes puisqu'ils ne sont pas actionnaires et il ne va pas dans l'investissement et le développement du journal ou l'imprimerie, car on ne la paie pas. «Certains éditeurs s'enrichissent alors que les journalistes s'appauvrissent», résume le ministre. Ce dysfonctionnement criant fait dire au ministre qu'il faut revoir le fonctionnement de l'Anep selon des normes beaucoup plus rigoureuses et explicables scientifiquement. Quelles sont ces normes? «Le tirage et l'éthique. L'un ne va pas sans l'autre. Un journal qui tire à 400.000 ou à un million d'exemplaires ne bénéficiera pas, de mon point de vue, de la publicité Anep s'il n'est pas professionnel. L'Anep ne peut pas s'associer à un journal qui n'est pas fiable», a soutenu M.Grine affirmant qu'il est en train de maturer son projet de réforme de l'Anep. «L'Anep, ce n'est pas seulement une boîte à fric, comme le pensent certains. C'est aussi une agence de communication et d'édition qui doit se renforcer et gagner des parts de marché dans ces domaines d'activités. De toute façon, on va l'orienter dans ce sens pour qu'elle remplisse sa mission avec plus d'efficacité», a-t-il souligné. Sagissant des journaux, le ministre affirme que son département prépare tout un projet pour cette presse. «Certains vont se relooker sur le plan de la maquette et se redéployer dans d'autres territoires de linformation de proximité, enquêtes, reportages, sous des angles originaux.» A certains éditeurs qui font le lien entre cette volonté d'assainir le paysage médiatique et les positions prises par certains journaux contre le mandat du président Bouteflika, Hamid Grine a répondu qu'il s'agit là d'une interprétation. «Je n'ai rappelé que des principes universels connus et admis par tous les professionnels. Et puis, qui est contre la vertu, qui est contre le bien? Ou bien a-t-on oublié ce qu'est la valeur vertu devant la mercantilisation de l'information?» s'est-il interrogé avant d'ajouter que sa démarche consiste avant tout a «rassembler autour d'un projet de professionnalisation de la presse». Revenant sur son appel aux éditeurs à consacrer 2% de leurs profits à la formation des journalistes, le ministre de la Communication a relevé que «ce sont les petits journaux où il n'y a aucune formation. On peut dire qu'il n'y a pas beaucoup de journalistes qui sont formés, d'où les dérives». Il rappelle à ce propos que «lors du premier cycle de formation. La salle était pleine et c'est un bon signe. Le 26 juin, nous inviterons Pierre Péan, un grand journaliste (français) d'investigation. Nous n'avons dépensé aucun sou pour payer Rachid Arhab ou Pierre Péan qui ont accepté d'intervenir gracieusement».