Le procès a permis quand même de mesurer la solidarité de la presse. «Deux mois de prison ferme et une amende de 10.000 DA», tel a été le verdict, hier, du tribunal de Djelfa à l'encontre du journaliste et militant des droits de l'Homme, Hafnaoui Ben Ameur Ghoul. Ce procès, qui a focalisé l'attention de toute la ville, qui a mis sous les sunlights, les autorités de la ville et leurs procédés peu scrupuleux contre les journalistes locaux, a permis aussi de mesurer la solidarité de la presse. Les patrons du Matin, d'El Watan, du Soir d'Algérie, les chroniqueurs et le SNJ s'en sont donné à coeur joie se mêlant à la foule, venue nombreuse, «voir de près les journalistes d'Alger». Dès le début des réquisitoires des avocats de la partie plaignante, les jeux étaient clairs : la ville entière faisait des efforts pour sauver le wali d'un mauvais pas. Le zèle était manifeste et la double mise sous mandat de dépôt ne permettait pas d'espérer une libération immédiate du journaliste. Le wali a porté plainte à la place de tous les responsables locaux impliqués dans les écrits de Hafnaoui dans un combat qui n'était pas le leur. «Le wali a agi en sa qualité de représentant de la wilaya, en tant que représentant du directeur de la santé et en sa qualité de représentant de l'Etat par la mise en mouvement de l'action publique contre Ghoul, pour outrage, diffamation, injures et outrage envers corps constitué.» Le bras de fer pouvoir-presse risque de se durcir si l'on prend en ligne de compte le fait que tous les correspondants locaux prennent le relais pour débusquer d'autres lièvres, soulever d'autres questions et porter par écrit toute la panoplie des dysfonctionnements à tous les niveaux de la wilaya. Pendant deux jours, les journalistes ont retrouvé l'ambiance des premiers jours, à l'image d'un Benchicou rédigeant ses écrits de jeudi sur une table crasseuse d'un café de quat'sous en face du tribunal.