Le MSP et le MRN sont montés au créneau pour se repositionner sur la scène politique. Sonnées par l'élection présidentielle et le raz-de-marée électoral de Bouteflika, les formations islamistes donnaient l'impression de ne plus suivre la direction du vent, pour les uns, et de tenter de rattraper le wagon en s'agrippant fortement à la machine présidentielle pour ce qui est, dans ce cas précis, du MSP. C'est ainsi que l'on assiste, depuis quelques jours, à un regain d'activité, plus ou moins timide, mais qui renseigne sur les états d'âme et les desseins que chaque parti s'est mis en pleine ligne de mire. Le Mouvement de la société pour la paix qui a, de toute vraisemblance, le vent en poupe, depuis la mise en oeuvre de l'alliance présidentielle, ne rate aucune occasion pour monter au créneau, en vue de se replacer sur l'échiquier politique et récolter, par voie de conséquence, le maximum de dividendes. En célébrant, durant une semaine, la première année de la disparition de son chef «charismatique» Mahfoud Nahnah, le parti de Bouguerra Soltani, qui n'a, au demeurant, pas manqué d'inclure cet événement dans le cadre de la coalition qui a contracté avec le RND et le FLN, semble vouloir forcer les choses et marquer son retour, en transes, sur la scène politique. Vendredi, à la salle Harcha, à Alger, les cadres de l'ex-Hamas ont, à tour de rôle, développé, devant une foule chauffée à blanc, un discours musclé dans lequel ils ont remis au jour l'apport du MSP dans la réalisation des grands chantiers qui ont, à ce jour, marqué le pays. Actualité nationale oblige, certains d'entre eux ont même tenté de se réapproprier la réconciliation nationale, projet fétiche de Bouteflika. Par ailleurs, durant la semaine, cette formation prévoit l'organisation d'un colloque international sur le parcours politique de leur ex-chef de file, auquel prendront part des intellectuels arabes, des hommes politiques et d'autres personnalités. Moins entreprenant mais plus incisif, le président du MRN, Abdallah Djaballah dont le parti a essuyé un cinglant revers le 8 avril dernier, tente, comme il peut, de remonter la pente et redorer le blason du parti. Passée la période de l'hibernation, le cheikh a organisé, jeudi, à Constantine une réunion avec les cadres du MRN de l'est du pays pour faire le point de la situation. Accoutumé au discours «coup de poing», et à la verve démagogique, l'ex-candidat à l'élection présidentielle, citant la campagne du prosélytisme chrétien - son sujet favori - qui a lieu dans certaines régions du pays, s'est attaqué, avec la virulence oratoire qu'on lui connaît, au «laxisme» des pouvoirs publics et l'impunité accordée par ce dernier, aux prêcheurs chrétiens. Sur le plan politique, le chef d'El Islah, n'a pas innové pour convaincre du bien-fondé de sa démarche politique. Il s'est borné à ressasser les affres de la crise sociale et économique tout en mêlant à ce panache la dégradation des moeurs et surtout la «débauche» qui, selon lui, guettent la jeunesse algérienne. Ainsi, les deux grosses figures de la mouvance islamiste en Algérie, essayent, chacune à sa manière, de jouer les premiers rôles en recourant, à cet effet, à des «démonstrations de force» dont ils excellent à l'exécution. Prévoyant d'éventuels bouleversements sur la scène politique, les islamistes, en redoutables manoeuvriers, exploitent toutes les pistes susceptibles de leur octroyer, ne serait-ce que provisoirement, un retentissement médiatique, pour marquer leurs «nouveaux» territoires, attendant «la prochaine guerre politique» en vue de laquelle chacun affûte «soigneusement» ses armes.