L'ex-P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine Le groupe pétrolier vient de griller son second P-DG en un peu plus de quatre ans. Un signe d'instabilité chronique qui porte un sacré coup à l'image d'une entreprise qui constitue le véritable poumon de l'économie nationale. Sonatrach change de patron. Un mauvais signe? Les rédactions de journaux nationales et internationales y vont de leurs commentaires. L'information est loin de constituer un simple fait divers. Elle concerne l'une des plus importantes compagnies pétrolières au monde qui a été secouée par une série de scandales financiers aux ramifications tentaculaires et internationales qui ont écorné son image à l'étranger. Elle a aussi énormément pâti de la tentative de prise d'otages qui a ciblé le site gazier de Tiguentourine (In Aménas), en janvier 2013. On pensait que les pouvoirs publics allaient réagir de manière à promouvoir son image de marque tout en lui assurant une stabilité garante d'un processus qui doit confirmer son rang parmi le gotha des compagnies pétrolières internationales d'envergure. Contre toute attente, c'est l'inverse qui s'est produit à travers un communiqué laconique. «M.Saïd Sahnoun (vice-président de l'activité amont au sein du groupe Sontrach, Ndlr) a été installé dimanche dernier à Alger par le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, en qualité de président-directeur général par intérim du groupe Sonatrach en remplacement de M.Abdelhamid Zerguine» a indiqué le texte du ministère de l'Energie répercuté par une dépêche de l'APS datée du 27 juillet. Le groupe pétrolier vient de griller son second président-directeur général en un peu plus de quatre ans. Nordine Cherouati nommé en mai 2012, Abdelhamid Zergine en novembre 2011 débarqué de son poste le 26 juillet. Un signe d'instabilité chronique qui porte un sacré coup à l'image d'une entreprise qui constitue le véritable poumon de l'économie nationale, mais aussi une manne financière fabuleuse. Un statut qui a attisé bien des convoitises de la part de certaines personnalités et non des moindres qui ont abusé d'elle. Les affaires dites «Sonatrach 1 et 2» sont édifiantes à plus d'un titre à ce sujet. Elles ont éclaboussé la Compagnie nationale des hydrocarbures. Le volcan s'est mis en éruption crachant toute sa lave, emportant dans son sillage, l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, que l'on donnait pour indéboulonnable, son épouse, leurs deux enfants et Farid Bedjaoui (neveu de l'ex-patron de la diplomatie algérienne) tandis que Mohamed Meziane, ex-P-DG de l'entreprise, croupit encore en prison. La liste pourrait bien s'allonger. Cela a fait mal à l'Algérie. La compagnie qui assure pas moins de 97% des recettes en devises au pays renvoie une image qui n'est pas digne de son rang. 12e groupe pétrolier au niveau mondial, il occupe le premier rang en Afrique et dans le Bassin méditerranéen, le 4e exportateur de GNL (gaz naturel liquéfié), le 3e exportateur de GPL (gaz de pétrole liquéfié), et le 5e exportateur de gaz naturel. Seul bémol: le déclin de certains gisements et des exportations d'hydrocarbures qui se sont traduits par une chute des recettes qui menace les équilibres budgétaires. Abdelhamid Zerguine peut-il porter le chapeau? Difficile d'y croire. A moins qu'il ne rentre plus dans les plans de Sonatrach qui a décidé de renouer grâce à la mise en service de plusieurs projets pétroliers et gaziers, avec ses niveaux de production atteints avant 2010. «Cet objectif de production a été retenu au titre du plan de développement à moyen terme du groupe (Pmte 2014-2018) et auquel celui-ci a consacré 102 milliards de dollars d'investissements, dont 60% pour l'exploration et la production des hydrocarbures» avait annoncé une source du groupe pétrolier. A défaut de justifications qui ont conduit à la mise à l'écart de Abdelhamid Zerguine, la décision de son limogeage risque de faire des vagues.