Depuis une décennie, le taux de croissance annuelle du continent africain dépasse les 5%. C'est, à n'en pas douter, là qu'il faut voir l'origine de l'intérêt porté par Washington au continent africain. Pourtant, ce «réveil» américain est bien tardif. Un réveil qui date de la tournée africaine de Barack Obama, en juillet 2013. C'est à cette occasion qu'il a décidé de tenir le sommet Etats-Unis-Afrique qui s'achève aujourd'hui à Washington. Un sommet où ont été invités une cinquantaine de chefs d'Etat. Il a été question, bien sûr, de coopération économique, mais aussi de sécurité et de gouvernance. Il faut tout de même rester lucide et comprendre que c'est le formidable marché d'un milliard de consommateurs qui fait courir les puissances économiques vers ce continent. D'ailleurs, les Etats-Unis ont été devancés par la Chine qui a organisé le même type de sommet à Pékin, en 2006. Elle a emboîté le pas à l'Inde qui «possède», elle aussi, son sommet des chefs d'Etat africains. L'Union européenne, dont les pays membres doivent leurs développements à cette même Afrique qu'ils avaient sous leurs dépendances aux temps des colonies, en est à son 4ème sommet avec les dirigeants africains tenu à Bruxelles en avril dernier. Beaucoup plus active que le reste de l'Europe, la France ne compte plus ses sommets avec l'Afrique. 26 au compteur. Le dernier a eu lieu en décembre 2013. On peut y ajouter le Brésil et ses partenaires qui forment les Brics. Tous lorgnent le juteux marché que représente l'Afrique en devenir. Pour l'heure, de multiples calamités handicapent le continent noir. Il y a le sous-développement qui s'aggrave depuis les indépendances des années 1960. A cause principalement du mode de gouvernance (le sommet de Washington en fait l'un de ses principaux thèmes). S'y ajoute les pires maladies connues comme le Sida et inconnues comme le virus Ebola. Les conflits n'ont jamais cessé en Afrique. Aux premières années des indépendances, il y avait des conflits comme au Biafra, au Katanga, etc. Aujourd'hui, c'est par terrorisme interposé que les conflits font rage au Nigéria, en RDC, au Sahel, etc. C'est le continent qui, au monde, rassemble le plus de problèmes aussi enchevêtrés qu'inextricables. Mais qui paradoxalement, plus exactement ceci expliquant cela, est le continent incontournable dans l'économie mondiale du futur proche. Obama l'a bien compris en plaçant le sommet actuel sous le thème «Investir dans l'avenir de l'Afrique», «Gouvernance pour les générations futures». Des thèmes à qui il fallait absolument ajouter la «Paix et stabilité régionale». C'est principalement sur ce point que la participation de notre pays est essentielle. D'abord, les participants pourront profiter de notre propre expérience acquise dans la douleur et le sang avec une décennie de lutte dans l'indifférence internationale. Ils pourront s'inspirer de la Réconciliation nationale qui a «plombé» les velléités de retour de la bête immonde. Ils pourront s'inspirer des ambitieux programmes de développement qui, menés en parallèle, et qui ont asséché les sources de la multinationale du crime organisé. Ils pourront également s'inspirer de notre modèle de promotion de la femme (thème au programme à Washington) en politique, unique au monde. Ils pourront enfin s'inspirer du modèle algérien qui prépare la relève intergénérationnelle à tous les niveaux de la gouvernance. Avec méthode, sans tapage ni précipitation. Ce sont là autant de préalables sans lesquels aucun développement durable n'est possible dans le continent. Ce qui, dans le même temps, est une garantie pour les projets d'investissements américains (on parle de 14 milliards de dollars). La seule et grande question qui se pose est de savoir si les Africains sauront gérer, au mieux de leurs intérêts, cette bousculade des géants?