le CTR estime que les laboratoires algériens devraient prendre l'exemple de Saidal et se lancer dans des productions sérieuses. La polémique autour du Comité technique de remboursement soulevée par les producteurs locaux des médicaments est remise sur le tapis à la faveur de la dernière sortie du P-DG du groupe pharmaceutique Saidal. M.Aoun n'a pas été tendre avec les membres du CTR, accusé «(d')entretenir des relations assez spéciales avec les laboratoires étrangers». En fait, ce n'est pas la première fois que cet organisme est pointé du doigt. En 2002, certains producteurs locaux des médicaments ont proposé carrément la dissolution du CTR. A l'origine de ce bras de fer, l'arrêté du 2 juillet 2001, qui a statué sur le prix de référence. Ce dernier a tenu compte du prix du générique le plus bas. A l'époque, le CTR s'était référé aux listes des médicaments enregistrés, ainsi qu'aux dépôts de prix établis respectivement par le ministère de la Santé et celui du Commerce, pour arrêter la grille des médicaments remboursables. Or «en l'absence de dépôts de prix pour la production locale», il n'avait été pris en considération que les prix des produits importés. C'est la version qui a été donnée par le CTR pour expliquer «l'écart entre les prix de référence et le générique». Paradoxalement, le barème est fixé en dessous ou au dessus de celui de la production locale. Une procédure qui a exclu, de facto, une bonne partie des médicaments algériens de la liste des produits remboursables. L'argument n'a pas convaincu les laboratoires locaux. Aoun parle de «mafia du médicament». Afin de remédier à cette situation, un arrêté interministériel est venu en avril 2003 «corriger» les lacunes. Mais cela reste «insuffisant». Aoun exige l'intégration de 28 produits de l'entreprise publique, suggérant, par-là même, d'élargir le CTR aux producteurs locaux pour une meilleure politique dans le secteur. La Caisse nationale des assurances sociales s'est mise de la partie pour «exiger la révision des prix de référence». L'objectif étant d'atténuer les charges financières de la caisse et d'encourager l'investissement local. Actuellement, il faut savoir que la consommation du générique ne dépasse pas le seuil de 5 à 10% dans notre pays, alors que dans les pays développés, elle dépasse largement 50 %. La règle est simple : les Algériens ne sont pas attirés par ces produits parce qu'ils ne sont pas remboursables. En plus des répercussions financières sur la Caisse des assurances sociales, cette situation a beaucoup affecté les producteurs locaux ; certains d'entre eux, comme Lad-Pharma, ont menacé de recourir à l'importation. Aucun laboratoire n'est épargné. Le président du premier groupe pharmaceutique algérien a déclaré que «deux unités Saidal vont fermer pour la première fois, durant le mois d'août, en raison du surstockage». De son côté, le CTR estime que les laboratoires algériens devraient prendre l'exemple de Saidal et se lancer dans des productions sérieuses. Or, il s'avère, selon ses chiffres, que «l'importation assure 70% des besoins nationaux en médicament». Enfin, l'appel est lancé au ministère de la Santé pour la fixation des prix des médicaments importés. Cela permettra à l'Etat de contrôler un marché juteux ; aux caisses de faire des économies et de se lancer dans d'autres créneaux, comme le remboursement de l'appareillage. Tout semble indiquer que le conflit opposant le Comité technique de remboursement et les producteurs nationaux n'est pas près d'être réglé.