Si le week-end universel a été supprimé pour des considérations d'ordre politique liées au contexte de l'époque, il sera, en revanche, certainement reconduit pour des impératifs purement économiques. La question du week-end universel est, encore une fois, remise sur le tapis après avoir été étouffée, pour une longue période et un bon nombre de fois depuis que feu le Président Boumediene, une certaine année 1976, a instauré en Algérie le week-end à la «tradition musulmane». Une décision qui, déjà, coupait court, selon des observateurs avertis, au discours islamiste naissant et qui s'évertuait à l'époque, dans les mosquées, à prêcher la nécessité «religieuse» d'adopter le jour de repos musulman. Cette même décision, si elle a coupé l'herbe sous le pied des islamistes des années 70, a fait de l'Algérie un pays qui, sur le plan économique, a évolué miraculeusement avec à peine trois jours ouvrables sur sept. C'est dire que la rente pétrolière a également servi à combler ce handicap durant les belles années qui ont connu l'embellie du brut, mais qu'il est suicidaire, aujourd'hui, de continuer à cautionner. Un bon nombre d'économistes et pas des moindres considèrent qu'il serait même «absurde» de maintenir le week-end tel qu'il est en vigueur, maintenant que l'Algérie ambitionne de sortir de sa retraite et de s'ouvrir sur le monde. Les accords signés récemment avec l'UE et l'intégration prochaine de l'Algérie à l'OMC «ne peuvent, d'ailleurs, souffrir ces restrictions contraires à toute logique», souligne-t-on. D'aucuns savent, par ailleurs, que le contexte dans lequel le week-end de jeudi-vendredi a été décidé, était empreint également de la volonté de feu Boumediene de passer, sans réveiller les démons de la politique de l'époque, les légendaires révolutions d'essence plutôt socialiste par des formules populistes en direction des islamo-baâthistes. Un groupe déjà assez influent et qui répondait plus volontiers à l'esprit de grandeur de la décennie 70, traduit par l'ambition des grands leaders de cette période de mettre sur pied le «monde» ou encore «la nation arabe». C'est ainsi que la Charte nationale de 1976 décrétait le week-end «musulman» et rattachait l'Algérie à la liste des quelques pays qui avaient adopté le jeudi-vendredi comme journées de repos. Il s'agissait, et il s'agit encore, du Pakistan, du Soudan, de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte, de la Libye et des Emirats arabes à l'exception toutefois du Koweït. La mesure était alors tellement populaire, parmi les rangs du FLN notamment, que, même après le décès de feu Boumediene, Mohamed Salah Yahiaoui, alors coordinateur du FLN, avait exclu toute révision concernant ce point précis. La présidence de Chadli est, elle, venue conforter ce que les islamistes de l'époque considéraient comme un acquis et dont l'influence a été confirmée par le code de la famille, intégré en 1984. Bien des années plus tard, le débat sur la question s'est intensifié et était même devenu houleux après les événements sanglants d'octobre 88. C'était, en outre, en 1989 que les premiers chiffres se rapportant aux effets néfastes du week-end «musulman» sur l'économie nationale ont été publiés dans la presse. L'arrivée du président Boudiaf ainsi que le discours novateur et réaliste qu'il prônait, laissaient alors présager un retour imminent au week-end universel. Des rumeurs laissaient même croire que le texte était fin prêt à être discuté. Cependant, l'assassinat ahurissant de Boudiaf et les conditions sécuritaires déplorables qui avaient caractérisé la décennie 90, ont fini par reléguer la question au second plan. Mais voilà, que l'arrivée de Bouteflika au pouvoir, l'ouverture de l'Algérie - progressive, mais certaine - au monde, le retour au calme, le fait que Benflis soit à la tête du parti historique et sa tentative effective finalement de rajeunir le FLN, devraient, inévitablement, amener les autorités, d'une manière ou d'une autre, à revenir au week-end universel, qui demeure, au plan économique, un impératif. La réaction des partis islamistes sera certainement violente, mais ne saura, cette fois-ci, contourner l'argument économique. L'intérêt de la nation étant en question.