La conférence invoquée devrait regrouper toutes les parties, y compris celles n'ayant pas participé à la première phase. Se dirige-t-on vers un second round de consultations autour de la révision constitutionnelle? Si l'on tient compte de l'avis des observateurs avérés, selon lequel la synthèse sera dans le fond une copie conforme à la mouture élaborée par la commission Kardoune, d'aucuns se demandent dans ce cas à quoi sert une deuxième phase de dialogue préconisée. Certaines voix prônent une Conférence nationale à laquelle seront conviés en plus des 150 hôtes de la première phase, ceux qui ont décliné l'invitation de Ouyahia. Le pouvoir qui voudrait sauver son projet de Constitution persiste à vouloir grignoter dans le camp opposé. Interrogé à cet effet, le président du MSP qui se réclame de l'opposition, affirme que cette idée ne concerne nullement son parti. Les positions dans ce sens sont formulées par les patrons des partis au pouvoir et ceux qui ont un pied dans le pouvoir et l'autre dans l'opposition. Or, l'opposition qui a rejeté l'initiative du pouvoir ne semble pas branchée outre mesure. Le FLN par la voix de son secrétaire général, Amar Saâdani, a appelé lors de sa toute dernière sortie l'opposition à participer aux consultations sur la révision de la Constitution. Un appel lancé après la clôture des consultations menées par Ahmed Ouyahia. Abdelkader Bensalah pour sa part ne cesse d' exhorter l'ensemble des partis qui ont déjà exprimé leur désaffection à prendre part aux consultations autour de ce projet, les invitant à ne pas anticiper les résultats. Selon lui, «le changement attendu ne pourra être atteint qu'à travers la contribution de tous», entendre par là, se conformer à la démarche unilatérale du pouvoir. La conférence ainsi invoquée devrait regrouper toutes les parties, y compris celles n'ayant pas participé au premier round. A ce titre, il faut dire que la transition démocratique à laquelle devrait aboutir cette démarche, amorcée cependant en 1988 n'a jamais été parachevée à ce jour. Le FFS et le Front du changement de Menasra qui ont adopté des position singulières, aussi bien à l'égard de l'élection présidentielle que la révision de la Constitution semblent bien indiqués à jouer le rôle de médiateurs entre le pouvoir et l'opposition dans ce contexte d'initiatives multiples. Le FFS, qui a refusé d'être membre permanent au sein de l'instance de consultation et de suivi initiée par l'opposition, ira-t-il jusqu'à composer, voire cautionner la démarche du pouvoir? De son côté, le président du Front de changement a estimé avant-hier, que le processus de révision constitutionnelle nécessite un second round de consultations pour débattre notamment des conclusions de la première phase. Le deuxième round doit se tenir dans le cadre d'une conférence nationale, estime encore le responsable politique, pour qui une Constitution consensuelle doit passer par un référendum populaire. L'entente nationale devra prendre forme à travers une transition qui dégagera une Constitution consensuelle, un gouvernement d'union nationale, des élections législatives anticipées, des réformes législatives et socioéconomiques ainsi que la promotion de la Réconciliation nationale, a-t-il encore soutenu En tout état de cause, entre l'opposition qui aspire construire un rapport de force pour aboutir au changement du système, et le pouvoir qui fait la sourde oreille à ses propositions et initiatives, la rupture se creuse davantage. Pour rappel, ces consultations ont été boycottées par les principaux partis et personnalités de l'opposition qui contestent la démarche et la légitimité du pouvoir.