L'ambassadeur de la RASD à Alger s'exprime à propos de la conjoncture actuelle. L'Expression : Alger a connu, au cours de ces derniers jours, un ballet diplomatique, à la faveur des récents développements sur le dossier du Sahara occidental. Quelle est votre appréciation de l'initiative franco- espagnole? M .Y. Beïssat : Tout d'abord, je tiens à préciser que la stratégie des axes ne peut apporter la stabilité au Maghreb. D'ailleurs, nous ne comprenons pas sur quelle base est fondé l'axe Paris-Madrid : est-ce pour défendre la légalité internationale, pour instaurer la paix et la stabilité ou tout simplement pour sceller une alliance contre l'Algérie et les Etats-Unis? Nous pouvons à la rigueur comprendre la position française, qui a encouragé en 1975 le Maroc à occuper le Sahara occidental, mais pas celle de l'Espagne qui encourage le Maroc à passer outre la légalité internationale. Car il y a une contradiction flagrante entre les intentions affichées publiquement par l'Espagne et la France sur le plan économique et géostratégique dans la région du Maghreb et leur encouragement au Maroc à bafouer la légalité internationale Quant au peuple sahraoui, il est assez mûr pour décider de son sort car il s'agit d'une question de décolonisation et non d'un conflit frontalier. C'est un problème créé par l'Espagne qui n'a pas mené à terme le processus de décolonisation. Pourtant le royaume chérifien a approuvé les accords d'Houston et le plan Baker privilégiant un référendum d'autodétermination dans la région... Ce n'est pas la première fois que le Maroc viole les résolutions onusiennes et ne tient pas ses engagements. Même si un nouveau plan de paix venait à être décidé par les Nations unies, consacrant le principe d'autodétermination au Sahara occidental, il ne sera pas respecté par la partie marocaine. Nous avons signé trois plans de paix que notre adversaire n'a pas respectés. Rappelez-vous le plan de Javier Perez de Cuellar et les autres résolutions, dont les accords d'Hous-ton et le plan Baker et dont la mise en oeuvre a été entravée par le Maroc qui a pour réputation de changer de position en faisant à chaque fois fi de la légalité internationale. Comment trouvez-vous la position de l'Algérie? Contrairement aux Français et aux Espagnols qui veulent substituer à la légalité internationale l'approche des complots, l'Algérie est restée fidèle à sa position de principe en refusant d'être impliquée dans un conflit qui oppose, en premier lieu, le Maroc et le Sahara occidental. Je considère aussi que la position des Etats-Unis vis-à-vis du conflit est très respectable, pour son soutien au référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Maintenant, s'il y a quelqu'un qui veut servir d'avocat au Maroc, en lui conseillant de saborder les résolutions des Nations unies, qu'il le fasse de sorte à limiter les dégâts, qui seront fort préjudiciables pour toute la région.