La guerre de leadership, alliée à la force tranquille des anciens pro-Benflis, compromet la tenue du congrès. Ceux qui pensaient que le FLN, depuis que les anciens pro-Benflis ont accepté le principe de traiter avec les «redresseurs», allait sortir de sa crise et redevenir le premier parti du pays, devront déchanter. Comme il fallait s'y attendre, et tel que cela se produit régulièrement, toutes les tentatives de Belkhadem de mettre en place les fameuses sous-commissions de préparation du congrès, dit de rassemblement, finissent en queue de poisson. Celle d'hier n'a pas dérogé à la règle. (Lire l'article de Brahim Takheroubt). Les raisons en sont multiples, qui ne doivent pas être recherchées uniquement dans les «soubresauts» que cette formation politique a subis à l'aube de la présidentielle passée. Comme nous le rapportions dans une précédente édition, citant de nombreux coordinateurs locaux, mais aussi une figure de proue du mouvement, Abdelkader Hadjar, une partie non négligeable des membres du mouvement national de redressement a manoeuvré à sa guise, en procédant unilatéralement à la mise en place de ses propres coordinateurs au niveau de la plupart des wilayas du pays. Résultat immédiat et très grave : les déchirements latents qui caractérisent la structure politique que préside Abdelaziz Belkhadem ont tôt fait de toucher les instances locales pour cesser d'épargner même les communes les plus reculées du pays. Pour la première fois, depuis que ce genre de crises cycliques sont apparues au grand jour, un «vétéran» du mouvement, flairant «la montée en puissance de l'opportunisme» qui lui avait toujours fait peur, Abdelhamid Si Afif, qui a été de tous les rendez-vous importants du FLN, a décidé de boycotter la rencontre d'hier. Une aubaine pour un Amar Tou, plus déchaîné que jamais qui, après avoir violemment critiqué et rejeté la composition de la toute première liste de la commission de préparation du congrès, pourtant concoctée entre Belkhadem et Abada, est allé «trop loin» dans la «contestation» lors de la rencontre d'hier. Il est vrai qu'il jouit, depuis peu, du soutien appréciable du troisième homme de l'Etat, Amar Saïdani en l'occurrence. «Ce n'est que légitime, voire politique, nous indiquent des sources proches de ce parti, que les anciens pro-Benflis, qui ont prouvé que leur pouvoir était demeuré quasi inentamé à l'occasion du renouvellement des instances du parti au sein de la chambre basse du Parlement, aient manoeuvré de manière magistrale afin d'accentuer ces divergences, et de s'ériger en force principale, ayant toutes les chances de faire basculer la balance en sa faveur le jour du congrès». Rien n'est moins sûr toutefois. Ces assises, reportées de mois en mois, risquent fort de ne pas se tenir, tant les dissensions donnent l'air d'aller crescendo. Le conflit apparu avec la puissante ONM autour du sigle de ce parti semble être l'avant-goût d'un scénario visant à redonner la première place à la formation que préside l'actuel chef du gouvernement. Des sources crédibles sont allées jusqu'à nous dire que le très hypothétique remaniement gouvernemental «dépendra en grande partie du congrès du FLN, pour ne pas dire de sa tenue ou pas». Belkhadem, qui serait appelé à jouer un rôle de «tout premier plan» au sein de la future équipe exécutive, aura toutefois à prouver ses «compétences de fin manoeuvrier» politique en réglant cette crise au mieux des intérêts du FLN. Une lourde mission en perspective...