Les autorités prennent très au sérieux cette nouvelle mise au jour macabre aux portes d'Alger. Un charnier de quinze cadavres de personnes assassinées dans le milieu des années 1990 a été mis au jour dans la zone montagneuse de Toulmout, au sud-est de Bougara (ex-Rovigo) dans les contreforts du massif blidéen. Les ossements d'au moins trois personnes ont été retirés par une troupe de la Protection civile de Bougara. Les militaires qui supervisaient l'opération ont escorté des journalistes de la presse écrite et de la télévision pour «médiatiser au maximum» cette macabre découverte. La Gendarmerie nationale, en dépêchant deux de leurs brigades, celles de Larbaâ et de Bougara, semble revenir au premier plan d'information et de l'action sécuritaires. Les autorités, pour qui cette macabre découverte tombe «à pic», prennent très au sérieux cette nouvelle mise au jour d'un charnier aux portes d'Alger. Un procureur général adjoint de la cour de Blida, M.Mustapha Benimam, qui accompagnait les militaires, donnait par sa présence un sceau de grave solennité à l'événement. Selon ce procureur, la découverte de ce charnier a été rendue possible par des «indications précises» d'un repenti du GIA qui s'est livré récemment aux autorités. Le repenti en question avait déclaré qu'un charnier datant de 1996 existait dans la région d'Ouled Boulbane, au lieudit Toulmout, et était constitué de quinze cadavres de civils et de militaires. Les premières déclarations des chefs militaires de la 1re Région soutiennent fermement que «les victimes avaient été enlevées par des islamistes armés durant la période où le GIA avait élu domicile dans la région et multipliait les massacres de civils». Certains corps ont été retrouvés pieds et poings liés avec du ruban adhésif sur la bouche, a précisé le procureur général adjoint, et les recherches qui vont se poursuivre encore durant une dizaine de jours devraient «confirmer» les indications «très précises» données par le repenti. L'emplacement de ce charnier est situé dans une zone très difficile d'accès, et qui constituait, avec Bougara, Hammam Melouane, Megtaâ Lazreg et Zougaya les fiefs de prédilection de la Katiba el khadra, la plus importante des unités de combat du GIA. Cette découverte tombe au moment où le dossier des disparus revient avec force et se pose comme un contentieux douloureux qui fait passer à certains responsables sécuritaires des nuits blanches. Mais va-t-il convaincre? Toute la question est là. Car, les invitations faites aux journalistes qui ont accompagné les militaires, les précisions quasi mathématiques sur le charnier avant même le début des fouilles et la période choisie de cet islamiste repenti qui tombe à pic sont autant de points qui laissent perplexes. La multiplication des découvertes allant dans ce sens précis, les installations d'au moins deux nouveaux centres d'analyses ADN, les déclarations de Farouk Ksentini au sujet de la responsabilité de l'Etat dans le cas des disparus, la poussée des ONG internationales contre ce qu'elles qualifient d'«impunité», la démission d'un des gourous du «tout sécuritaire», le général de corps d'armée Mohamed Lamari, etc., sont des détails d'un vaste ensemble qui tarde à se dessiner et qui cache, en fait, une véritable tragédie nationale: celle des crimes cachés et des criminels impunis.