Les grands projets du gouvernement ne seront pas affectés Selon de nombreux experts qui débattent depuis lundi dernier à Oran des marchés mondiaux de gaz naturel et de leur incidence sur la stratégie nationale, la dégringolade des cours de l'or noir devrait se répercuter sur ceux du prix du gaz. Aïe! Ça se complique. En attendant ce second orage, le ministre des Finances, Mohamed Djellab, assure que «l'Algérie est préparée à résister au choc pétrolier». Sur quels arguments repose cette affirmation? «Depuis un certain nombre d'années, l'Algérie a choisi d'appliquer une politique de prudence en anticipant le payement de sa dette extérieure, en constituant des réserves de change et un Fonds de régulation des recettes, mais surtout à élaborer son budget sur la base d'un baril à 37 dollars seulement», a expliqué lundi dernier à Alger le successeur de Karim Djoudi qui s'est exprimé sur le plateau de l'Entv. La baisse des prix du brut aura-t-elle des conséquences sur les projets de développement économique? «Les projets de développement d'infrastructures économiques et sociales ne subiront pas de changement ni pour le court, ni pour le moyen terme», a répondu l'invité de la Télévision nationale qui a précisé que l'impact que pourrait avoir la chute des cours du pétrole sur l'économie nationale figurait parmi les «questions prises en compte par le gouvernement qui a étudié toutes les éventualités et mis en place tous les scénarios». Le ministre des Finances a réaffirmé la détermination du gouvernement à desserrer l'étau. Comment? «Une série de projets ont été programmés et seront financés par le marché financier ce qui permettra d'alléger la pression sur le budget de l'Etat et lui confèrera de grandes capacités de financement des projets», a confié M.Djellab qui a tenu à souligner que les grands projets du programme du gouvernement concernant les secteurs de l'agriculture, de l'enseignement, de la santé et de l'habitat et tout ce qui a trait à l'investissement «ne seront pas affectés par le recul des cours du pétrole». Il y a cependant un mais... Une seconde tuile pourrait nous tomber sur la tête. En effet, voilà que les déclarations rassurantes du grand argentier du pays à propos de la chute des prix du pétrole n'ont pas encore été digérées que se profile celle des prix du gaz... Selon de nombreux experts qui débattent depuis lundi dernier à Oran des marchés mondiaux de gaz naturel et de leur incidence sur la stratégie nationale, la dégringolade des cours de l'or noir devrait se répercuter sur ceux du gaz. Le risque de contagion est réel. La formule du vice-président du Cnes (Conseil national économique et social) établit le diagnostic. «Lorsque le pétrole a la grippe, le gaz tousse», a fait remarquer Mustapha Mekideche, lors de son intervention sur les tendances des marchés gaziers internationaux et leur impact sur la stratégie algérienne à l'occasion de la tenue du workshop international sur les «Marchés mondiaux de gaz naturel» dont les travaux ont débuté lundi dernier au Centre des conventions d'Oran (CCO). «Les prévisions ont été faites sur un prix du baril variant entre 90 et 100 dollars. A moins de 80 dollars, nous sommes obligés d'aller vers le Fonds de régulation des recettes (FRR) et l'exploitation des réserves de change. C'est une grande pression exercée sur le pays» a souligné le conférencier cité par le Quotidien d'Oran. Que faut-il craindre? «Les conséquences directes de la chute du prix du pétrole sur le gaz s'expliquent par l'indexation du prix du gaz sur celui du pétrole. Ces indexations seront visibles en 2015. Lorsqu'on vendra notre gaz, on le vendra moins cher. Car sur les contrats conclus, il y a eu indexation sur les prix avec trois mois de retard» explique le vice-président du Cnes. «Le marché pétrolier s'est cassé la gueule et le marché du gaz va suivre très bientôt parce que les prix dans les contrats sont indexés. Ces prix vont avoir une influence négative certainement beaucoup plus en 2015 qu'en 2014» pronostique l'ancien P-DG de Sonatrach Abdelmadjid Attar. L'Algérie est le premier producteur africain de gaz (plus de 50% de la production de gaz en Afrique) et 10e producteur de gaz à l'échelle mondiale. Elle est le 2e fournisseur de gaz naturel de l'Europe, après la Russie. Entre les déclarations rassurantes du ministre des Finances, Mohamed Djellab et celles alarmantes des experts qui n'écartent pas la menace d'une récession, il y a peut-être une petite place pour un juste milieu. Plus vite l'hémorragie sera enrayée moins il y aura de dégâts.