Le comédien Khaled Benaïssa Tanit de la meilleure interprétation masculine aux côtés du président du jury, Tony Glover L'Algérie s'en sort avec les honneurs puisque Khaled Benaïssa, alias Hamid dans El Wahrani de Lyes Salem a été élu Meilleure interprétation masculine tandis que Karim Moussaoui a reçu le Tanit de bronze pour son court métrage Les jours d'avant. Le rideau est tombé sur la 25e édition des Journées cinématographiques de Carthage où la cérémonie de clôture s'est déroulée comme de la coutume, au théâtre municipal de Tunis. D'emblée c'est un sentiment de déception, voire de révolte qui nous happe à l'affiche du palmarès pas assez ou peu courageux osons-nous le dire, rendu par un jury présidé par l'acteur américain Dany Glover. Un palmarès pour le moins consensuel qui semble privilégier la parité «arabe» et «africanité» du festival en primant des films pour leur teneur politique surtout leur traitement cinématographique vraisemblablement. Aussi, ce sont des films pour la plupart qui ont beaucoup voyagé et ont au moins deux ans d'existence. Manque de courage ou suivisme? Des films comme La vallée de Ghassan Salhab, Decor de l'Egyptien Ahmed Abdallah ou encoreTheeb du Jordanien Naji Abu Nowar auraient mérité un prix. Mais le jury a préféré donner un quadruple gagnant pour le film palestinien Omar dont l'absence du réalisateur Hani Abu Assad s'en est ressentie. Omar a raflé également le Tanit du Prix jury jeune, le Prix du meilleur scénario et le Prix du public. Est-ce véritablement pour la qualité du film que Omar a été hautement encensé ou plutôt une façon condescendante afin de témoigner sa solidarité envers le peuple palestinien qui a vécu les pires atrocités cette année et continue encore à subir les affres des injustices de la guerre? Aussi, le Prix spécial du jury est revenu au Touchant des étoiles de la Sénégalaise Dyana Gaye. Le Tanit d'argent quant à lui a été décerné au film C'est eux les chiens du Marocain Hicham Lasri qui évoque de façon bien originale la dictature au Maroc et ces prisonniers de la grève générale de 1981 qui ne furent relâchés que ces dernières années avec l'avènement du «printemps arabe». Un film choc qui fait appel à la vision télévisuelle et son médium la caméra pour raconter une actualité politique brûlante du Maroc et ce de manière tout aussi burlesque qu'émouvante. Le Tanit de bronze est revenu pour sa part à l'excellent Before Snowfall de l'Irakien Hisham Zaman qui a raflé aussi le Prix de la meilleure interprétation féminine, après celui de la Fepraci, la veille dans les prix parallèles. Ainsi Bidoun de Jilani Saâdi, le seul film tunisien en compétition nationale repartira bredouille après avoir suscité un engouement des plus mitigés chez le public. Le public, ce facteur clé de réussite du festival par son nombre croissant. Le cinéma palestinien a également été célébré à travers le film The Wanted 18 de Amer Shomali et Paul Cowan qui a remporté le Tanit d'or de la compétition documentaire. Le Tanit de bronze quant à lui a été remis au Tunisien El Gort de Hamza Ouni qui a profité de la tribune qui lui était offerte pour dénoncer le fait que son film soit interdit de diffusion au sud de la Tunisie. Le Tanit d'argent pour sa part a récompensé Examen d'Etat de Dieudo Hamadi de la République démocratique du Congo. S'agissant des courts métrages, le Tanit de bronze est revenu à Les jours d'avant de Karim Moussaoui qui méritait amplement le prix du Tanit du meilleur film court. Celui-ci a été remis à Peau de colle de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, tandis que le Tanit d'argent à été attribué à Madama Esther de Luck Razanajaona du Madagascar. Une double récompense pour ce jeune homme puisque son pays n'avait pas frôlé les plates-bandes des JCC depuis 20 ans! Il est bon de noter qu'après un Slam de Hatem Karoui sur l'historique des JCC, les spectateurs ont eu droit en milieu de soirée, à un moment de rire et de détente avec les deux humouristes Lotfi Abdelli et le Congolais Phil Darwin. Un hommage a été rendu à Naceur Khemir qui a souligné la nécessité de dire pour rester soi-même. Ainsi, se termine cette riche et bien sympathique et enrichissante session des JCC 2014 qui a eu lieu dans la grande liesse, dans une atmosphère de sérénité effaçant quelque peu, les souvenirs amers de la désorganisation de la session 2012, qui s'était déroulée en pleine effervescence post-révolutionnaire.