le président du FFS est sérieusement interpellé par une base et des cadres qui voient leur parti battre de l'aile. Des sources sûres, désirant garder l'anonymat, expliquent que Bouhadef aurait reçu les pleins pouvoirs d'Aït Ahmed avant que celui-ci ne change d'avis sur instigation de son «cabinet noir». C'est dans ces simples mots que peut tenir l'explication de la grave crise que traverse le FFS depuis des mois et qui empêche encore son secrétariat national, - ne comprenant pas les motivations de son président - de se réunir. L'un des plus vieux partis politiques et porte-drapeau de l'opposition démocratique : le FFS, connaît de sérieux problèmes. Depuis quelques jours, ils sont étalés sur la scène médiatique et alimentent les conversations. M.Bouhadef qui, hier encore, était pour le moins ignoré de certains médias, est aujourd'hui l'homme le plus couru d'Algérie. On veut le voir, on veut l'écouter lui poser des questions et comprendre ainsi le fond du problème. Mais en militant discipliné, ce dernier refuse «les honneurs» des Une et entend exprimer son courroux en se retirant simplement et sur la pointe des pieds. Les membres du conseil national étaient sidérés ce jeudi face à cette nouvelle donne : le président Aït Ahmed, après avoir donné presque carte blanche au premier secrétaire, lequel a déjà occupé brillamment ce poste en 1996, est revenu sur sa décision. Pour tous, le coup est venu de ce que l'on peut nommer «le cabinet noir» du FFS, pour ne pas dire d'Aït Ahmed. En effet, outre les structures normales du FFS, le leader a toujours géré d'autres canaux qui servent à l'aiguiller et à le tenir informé et de la situation générale du pays et de celle du parti. Parmi ces canaux figurent des gens proches de M. Aït Ahmed. Ces personnes ont ainsi, selon des membres du conseil national, dressé un tableau des plus idyllique de la situation du parti, lui cachant les «jeux et les enjeux». Il faut dire que la situation actuelle était prévisible. M.Bouhadef, homme à principes n'est guère «manipulable». D'ailleurs, il le dit clairement et désigne les gens avec lesquels, il ne souhaite pas travailler. Alors que d'aucuns pensent qu'il ne s'agit que de divergences d'humeurs, il semble bien que le problème est en fait plus important et vise tout simplement le remplacement de M.Aït Ahmed. On prête à M.Hocine Aït Ahmed, la volonté de se retirer lors du IVe congrès du parti qui en principe était programmé vers le printemps 2005. Le président du FFS, lui même en avait fait part lors du IIIe congrès. Aussi, les appétits sont-ils aiguisés. Les uns et les autres se préparent en catimini. Oubliant que l'on succède difficilement à un homme de la trempe d'Aït Ahmed. Les uns le voient comme président honorifique et les autres comme simple conseiller. C'est donc dans ce sens qu'il faut comprendre les derniers remous. Car le premier secrétaire est de fait, président de la commission de préparation du congrès et, qui contrôle cette commission contrôle le congrès. C'est donc ce que supputent les uns et que M.Bouhadef rejette catégoriquement. Pour lui, jusqu'à preuve du contraire, M.Aït Ahmed est toujours le président du parti. Cette bataille peut hélas, si elle n'est pas tout de suite réglée par M.Aït Ahmed, se traduire par une implosion ce qui serait dommage pour cette étape de construction de la démocratie. Le FFS étant un élément important sur l'échiquier national, au-delà de ses divergences avec le reste de l'échiquier politique. Sous la houlette de M.Aït Ahmed, le FFS a été à la base de plusieurs avancées politiques : droits de l'Homme particulièrement. Ainsi, à Dieu ne plaise, la disparition de ce parti serait une perte réelle pour le pays. Le cabinet noir apparemment aveuglé par un objectif à atteindre risque tout simplement de démobiliser les militants. Au-delà des personnes, le conseil national rendra destinataire M.Hocine Aït Ahmed d'un véritable appel au secours. Il semble que le temps est venu pour le leader de remettre sérieusement de l'ordre dans la maison. Ce faisant, il assurera le passage du flambeau sans problème. Par son intervention, il refroidira les ardeurs de ceux qui creusent déjà la tombe d'Aït Ahmed et qui d'ores et déjà parlent de changement de sigle du FFS historique, ils veulent en faire le parti socialiste algérien. Un pas qui semble difficile à franchir tant les militants sont attachés à ce sigle porteur d'histoire. Il reste que le FFS est un acquis trop précieux pour la lutte pour la démocratie. Un parti qui doit occuper sa place, toute sa place sur la scène politique nationale. C'est là le voeu du conseil national qui est décidé, dit-on, à se battre pour éviter que le pire n'arrive.