«La cour de Djelfa est devenue une instance où le pouvoir juge ses adversaires.» Après la nouvelle condamnation à trois mois d'emprisonnement dont a écopé le militant des droits de l'Homme et journaliste Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, de Me Ali Yahia Abdenour, a lancé un appel à l'Observatoire international pour la protection des défenseurs des droits de l'homme et aux ONG internationales. Pour l'inusable Abdenour, cette nouvelle condamnation de Ghoul est «attentatoire aux droits de la personne humaine et porte gravement atteinte au droit ainsi qu'aux pactes et conventions internationaux relatifs aux droits de l'homme ratifiés par l'Algérie». Le communiqué de la Ligue algérienne des droits de l'Homme s'insurge contre ce qu'il qualifie de «condamnation avant même que le procès ne commence (...) il y a dérive de la justice, qui n'est pas sortie grandie dans ce procès, du fait que les juges n'ont pas jugé en leur âme et conscience, mais en fonction des consignes données par le wali de Djelfa, partie civile dans ce procès. C'est le temps des procès montés de toutes pièces contre les militants des droits de l'Homme et les journalistes». Le communiqué de la Laddh constate que «la cour de Djelfa n'est pas où la justice est rendue mais une instance politique où le pouvoir juge ses adversaires», et que «l'indépendance de la justice, qui n'est pas la priorité du pouvoir ou du magistrat mais celle du justiciable, devient aussi urgente qu'indispensable. Elle est liée à la mise en place d'un système politique démocratique respectueux de la souveraineté du droit, de la séparation et de l'équilibre des pouvoirs». Hafnaoui Ghoul était, pour rappel, militant de cette même structure dans la région de Djelfa avant son incarcération, après avoir mis à jour des affaires scabreuses, dont, notamment, le scandale lié au décès suspect de 13 bébés à l'hôpital de la ville. L'enquête devait conclure à une septicémie due au manque d'hygiène ambiant et le directeur de l'hôpital avait été relevé de ses fonctions. En fait l'incarcération de Ghoul avait annoncé le début d'une nouvelle «politique médiatique» des autorités vis-à-vis de la presse, notamment en matière de diffamation. Benhicou et Benaoum, respectivement patrons du Matin et d'Erraï, ont eux aussi, été écroués, toujours pour des raisons qui, «apparemment», n'ont rien à voir avec leurs écrits. Aussi sommes-nous en train d'assister, non plus à la politique du bâton et de la carotte, mais à celle, nouvelle, du bâton sans aucune carotte. La presse privée est ciblée, traînée dans la boue afin de la discréditer. Le feuilleton de cet été, c'est elle. C'est là où réside la nouveauté pour ceux qui, un jour, avaient soutenu les autorités même dans leurs dérives.