Les cours de l'or noir pourraient dépasser les 50 dollars, avec d'énormes retombées sur nos réserves de change. Les cours du pétrole continuent d'enregistrer chaque jour de nouveaux records au point de culminer, pour la première fois, à 46 dollars pour le Brent américain. Un record qualifié par l'Agence internationale de l'énergie d'«exubérance irrationnelle». Pourtant l'Agence juge qu'il n‘y a pas de quoi s'alarmer quant à l'approvisionnement en pétrole au moment où le marché mondial du pétrole se joue de la sacro-sainte loi de l'offre et de la demande. Alors que la demande a rarement été aussi soutenue, dopée par la Chine dont les importations de brut ont bondi de près de 40% depuis janvier, l'approvisionnement mondial se heurte à une conjonction de problèmes de production dans plusieurs pays-pivots, affolant littéralement les marchés. Cette flambée des prix, les analystes l'imputent à une conjonction de facteurs conjoncturels liés, entre autres, à la baisse du taux de raffinage aux USA et en Europe, à la situation prévalant au Moyen-Orient notamment en Arabie Saoudite et en Irak et à l'affaire russe «Ioukos». Ces facteurs s'ajoutent à une situation structurelle du marché marquée par un «équilibre serré» entre l'offre et la demande au moment où les pays de l'Opep produisent à plein régime pour faire face à une demande en hausse de 2,5 millions b/j. Néanmoins, et bien que l'Arabie Saoudite ait annoncé qu'elle est capable d'augmenter sa production pétrolière de 1,3 million barils/jour, les marchés financiers et pétroliers restent, quant à eux, très attentifs à la crise qui secoue le Venezuela. Cependant, les investisseurs sont un peu sceptiques sur le fait que l'Arabie puisse produire autant, de façon durable. Ces doutes, quant à la capacité de l'Arabie Saoudite à satisfaire à elle seule la demande, partagés par l'Algérie ont contribué à la remontée des cours. En outre, l'incertitude sur la situation politique au Venezuela est un autre facteur aggravant de l'actuelle flambée des cours mondiaux du pétrole. Pour les observateurs, de l'issue du référendum de demain au Venezuela dépend la stabilité des cours du pétrole. Une défaite du président sortant, pourrait déclencher des troubles et mettre en péril les exportations de pétrole du Venezuela, cinquième exportateur mondial et premier fournisseur de brut des Etats-Unis. Mais le ministre du pétrole vénézuélien, Rafael Ramirez, a tenu à rassurer les marchés en affirmant que son pays respecterait ses engagements en matière de livraison de brut quel que soit le vainqueur de la consultation de dimanche. Une nouvelle qui ne rassure guère l'inquiétude des investisseurs au même titre que les autres nouvelles. En Irak, l'instabilité récurrente n'est pas faite pour arranger les choses avec la recrudescence des prises d'otages. Bien au contraire, les milices du chef chiite, Moqdada Sadr, menacent de s'attaquer aux installations pétrolières dans le Grand Sud. D'ores et déjà les exportations de brut au terminal de Bassorah ont ainsi chuté à 35.000 barils/heure après avoir atteint les 80.000. Ce qui a fait dire à Rafael Ramirez que la tendance à la hausse persistera sur les marchés et tant que la production irakienne n'augmentera pas, les prix se maintiendront «à leur plafond». Une situation qui fait le bonheur des Etats pétroliers du Golfe dont les revenus connaissent une hausse spectaculaire. Au niveau national et au moment où le gouvernement est en train de mettre au point une mouture de la loi de finances 2005 sur la base du baril à 19 dollars, il est attendu un excédent budgétaire conséquent. Un excédent qui devra être utilisé à bon escient pour le bien-être du citoyen dont le pouvoir d'achat ne cesse de se dégrader.