Les deux camps, redresseurs et pro-Benflis, qui se neutralisent mutuellement, continuent de se livrer une véritable lutte intestine. Alors que les représentants de la base du FLN, notamment celle qui représente le mouvement de redressement, n'en finissent plus de protester, la commission nationale de préparation du 8e congrès, dit rassembleur, a procédé à l'installation des quatre sous-commissions. C'est ce que nous apprenons, du moins, de sources crédibles et sûres. Ainsi, la part du lion, contre toute attente, est revenue aux anciens pro-Benflis. Que l'on en juge. La commission chargée d'élaborer les statuts est ainsi présidée par Abderrezak Bouhara. L'auteur de la fameuse troisième voie qui s'était retrouvé isolé au milieu de ces deux clans qui s'entre-déchiraient, a ainsi «repris du service» contre toute attente. Cela veut également dire, expliquent nos sources, que Belkhadem, qui cherche à tout prix à rassembler de nouveau les rangs, sans «blesser» aucune sensibilité, tente du mieux qu'il peut, de faire appel à ceux qui ne se sont pas trop impliqués dans la guerre fratricide qui a déchiré le FLN pendant près d'une année. C'est à cette logique, nous dit-on, que répond la nomination d'Abdelkader Hadjar à la tête de la très importante commission chargée de la politique générale. Hadjar, faut-il le rappeler, avait toujours joué le rôle de «modérateur» au sein de ses pairs redresseurs, leur recommandant de ne pas verser dans l'exclusion ni dans la vengeance, afin de ne pas tomber dans le jeu des ennemis souhaitant que le FLN s'affaiblisse par ses déchirements afin de prendre sa place sur le devant de l'échiquier politique algérien. Les deux camps qui continuent de se mener une guerre quasi ouverte, en dépit des rencontres de réconciliation, se sont, pour leur part, partagés les deux commissions restantes. Ainsi, Amar Tou, qui ne cache pratiquement plus ses prétentions pour devenir le prochain secrétaire général du FLN, occupe ainsi la présidence de l'une des commissions les plus importantes de toutes, à savoir celle qui est chargée d'élaborer les programmes politique et économique. Tou, qui fait partie du groupe des redresseurs purs et durs, et qui avait déjà eu à s'élever violemment contre les «concessions» faites par Belkhadem aux anciens pro-Benflis, devrait donc tout naturellement aligner le programme du FLN sur celui, électoral, du président Bouteflika. Cette option, faut-il le rappeler, faisait partie des conditions émises par les redresseurs au lendemain de la victoire écrasante de Bouteflika. Les pro-Benflis avaient réussi à l'éluder très adroitement en soulignant qu'il appartenait au congrès, et à lui seul, de décider de la ligne politique du parti. Lot de consolation, ou morceau de choix que ne savent apprécier que les fins gourmets, Salah Goudjil, ancien allié de Benflis, trône désormais à la tête de la commission en charge de la préparation de la célébration du cinquantenaire de la guerre de Libération nationale. Pour qui sait l'importance qu'accordent les autorités à cette célébration, mais aussi à la place nodale qu'y occupe le FLN, il peut carrément s'agir d'une réhabilitation tacite de ceux qui avaient suivi Benflis dans sa candidature, mais aussi ses attaques pointues contre le président Bouteflika. Mais, certes, nous n'en sommes pas encore là. La base, en effet, continue de vivre des soubresauts que de nombreux «redresseurs» soutiennent discrètement. Un état de fait qui, jusqu'à présent, empêche toujours la mise en place des commissions de wilayas, sans lesquelles le congrès rassembleur demeurera toujours au simple stade de voeu pieux.