Dans le Grand Sud, Mokhtar Benmokhtar s'est transformé en parrain de la contrebande du tabac et en passeur de candidats à l'émigration. Selon un haut responsable des services de sécurité, le phénomène terroriste varie d'une région à l'autre à la faveur des coups de boutoir des services de sécurité et des redditions de plus en plus nombreuses signalées partout dans le pays. Ainsi, dans le Grand Sud, l'ancien émir de l'AIS, Mokhtar Benmokhtar, alias Laâouar, s'est transformé en parrain de la contrebande du tabac et en passeur de candidats à l'émigration de personnes venant d'Afrique subsaharienne et de Mauritanie. A l'Est, les desperados d'Abderezzak El Para ont embrassé les mêmes activités en abandonnant l'action terroriste à des petits émirs qui activent à Merouana, Seriana, Tébessa, El Tarf, Sétif, Batna, Arris et Khenchela. A Constantine, la stratégie de la sûreté nationale consistant à cerner la ville par les éléments de la sûreté urbaine tout autour de la ville, a entraîné un mouvement constant des services de police, lequel paralyse l'activité des rares membres du GIA, pratiquement neutralisés. Il n'empêche qu'une poignée de jeunes égarés, sous la pression des groupes armés, ont repris le maquis. Dix d'entre eux sont connus et identifiés par les services de la lutte antiterroriste. Toujours selon le même responsable, Annaba est plus sécurisée qu'avant la naissance du phénomène terroriste. Ainsi, Megataâ et Mebrek (donnés pour morts selon certaines sources de presse) ne donnent plus signe de vie et auraient fui vers l'Ouest, notamment vers Guelma, Skikda et Jijel. Interrogé sur d'éventuelles incursions dans différentes régions de l'Est, ce haut responsable a été formel: «Ce genre de mouvement est rarement signalé, surtout que l'action antiterroriste de la gendarmerie, de la sûreté et de l'ANP a pu mettre fin aux activités de la plupart des groupes armés, essentiellement depuis le mouvement des opérations de reddition.» Néanmoins, les environs de la ville d'Annaba, tels que Aïn Barbar, ont fait l'objet de plusieurs attaques terroristes. En début d'année, un faux barrage y a été dressé et un jeune fut assassiné par la manière barbare de l'égorgement. Draâ Errich, Oued El Aneb, El Hadjar, sont toujours sous le diktat des groupes armés et paient «des sommes» aux assassins de Mebrek et Megataâ. D'autre part, Chetaïbi et l'axe d'El Hadjar-Guelma sont infestés par la bête immonde. C'est du moins ce qui a été confié par des sources dignes de foi. A Jijel, Salah Zelbah et katibet Ettaouhid, créée après la reddition de Madani Mezrag et les membres de l'ex-organisation terroriste, Tayeb Soufi, El Baâbaâ, Lemloum n'ont jamais cessé leurs méfaits. Ils ont été renforcés par des activistes envoyés de Haute Kabylie, d'Annaba et de Boumerdès. Ces groupes, composés d'une cinquantaine d'éléments, selon les estimations de nos sources, sont fortement armés et se sont divisés en seriate qui se terrent. A Ouled Yahia, Ouled Rabah, Béni Ftah, à l'ouest d'El Milia et Boukhdech, Ouled Essalah, Eddardar à l'est, à Béni Hbibi au sud de Sehara et Ghebala, d'où ils peuvent faire des incursions jusqu'à Béni Hmiden à Constantine, Boudouka, Aïn Hachra, Hdjar, El Mafrouche, Aïn Rouibah jusqu'à Esstayeh. Dans la daïra de Tamalous, les criminels disposent de points de chute, soit chez des complices actifs, soit en semant la terreur. Plus au Nord, dans le massif de Collo-El Milia, extrêmement difficile, couvert par une dense végétation, par endroits inextricable, de profondes racines allant parfois jusqu'à 300 et 400 m de profondeur, d'innombrables grottes, là, la bête immonde n'a jamais cessé de martyriser les populations rurales de Zitouna et Lekhmis Oysraa, à la frontière du territoire d'El Milia. Ouled Ahya, malgré l'engagement des citoyens dans la lutte antiterroriste, les criminels n'ont jamais disparu. A Ouazane, où de simples buissons peuvent atteindre 2 m de hauteur, constituant des abris étanches, les criminels sont pratiquement en sécurité, mais ils évitent de se manifester ouvertement pour sauvegarder le refuge où ils ont réussi à vivre en famille, sous la protection d'un réseau de mines diabolique. Dans cette région, affirment nos sources, des contingents de gardes communaux existent certes, mais mal dotés. Leurs embuscades tendues en permanence ne portent pas leurs fruits.