Des marches qui nous rappellent la décennie noire Ils ont investi, avant-hier, mosquées et rues d'Alger, pour faire l'apologie du terrorisme. Les salafistes algériens semblent reprendre du poil de la bête, sous prétexte de défendre le Prophète (Qsssl). Après la prière de vendredi, au lieu et place d'une marche pacifique de dénonciation des caricatures de Charlie Hebdo, on a assisté à des manifestations violentes menées par des salafistes toujours en guet-apens. Ils ont investi, avant-hier, mosquées et rues d'Alger, pour glorifier les crimes terroristes et même appeler au meurtre que rien ne pourra justifier. Dans ce défouloir initié par des obscurantistes bien connus, des tenues afghanes ont parsemé la foule rageuse, des slogans des années de braise à la gloire du FIS dissous ont été brandis, l'emblème noir de Daesh fièrement arboré et planté en face du siège du Parlement et des pancartes pour vanter l'acte terroriste et le «martyre» des frères Kouachi ont été étalées, ils n'ont pas manqué de déverser leur écume fielleuse sur les services de sécurité. Cela dénote d'un rebondissement fulgurant de l'idéologie et du projet salafistes, pourtant vaincu militairement à la fin des années 1990. Ces derniers ont profité du laxisme et de la bienveillance du pouvoir en place pour occuper seuls la rue. Avant-hier le journal de 20 h de l'Entv a ouvert sur les images d'un terroriste du retour du maquis où il y était depuis 1993. Certains observateurs ont déjà mis en garde contre le retour du FIS dissous. Ces anciens émirs et dirigeants politiques ont été convoités aussi bien par le pouvoir que par la classe politique, toutes tendances confondues, qui a fait d'eux des partenaires politiques autour des minimum de la liberté d'expression et d'actions politiques! Le scénario catastrophe de la marche vient rappeler que cette mouvance ne rate aucune occasion pour revenir au-devant de la scène politique «l'islamisme politique bénéficie de la clémence et du soutien de nombreuses forces, partis et parties instrumentalisant la religion au détriment de la résistance populaire et du sang versé lors de la décimée noire». A travers son communiqué rendu public hier, le MDS dénonce «les promoteurs de la politique de réconciliation nationale qui reste un mécanisme participant, sans fin, à blanchir tous les auteurs d'actes sanguinaires, tandis que des partis démocratiques déculpabilisent l'intégrisme en en faisant un partenaire politique». A titre de rappel, l'activisme et l'omniprésence des dirigeants et émirs du FIS dissous sont antérieures à la marche de vendredi. L'armée islamique du salut (AIS) a organisé sans aucune autorisation légale une université d'été à la fin du mois d'août dernier dans les montagnes de Jijel. Leur chef, Madani Mezrag, qui a annoncé le retour du FIS dissous sous une autre appellation, a été reçu par Ahmed Ouyahia dans le cadre des consultations sur la Constitution. Le trio, Kamel Guemazi, Abdelkader Boukhemkhem et Ali Djeddi et même le n°2 du FIS dissous, Ali Belhadj, siègent au sein du comité de consultation et de suivi de l'opposition. Ces derniers, qui se considèrent comme représentants et porte-paroles d'une partie importante de la société, ont été reçus tout récemment par l'ex-FFS dans le cadre de son initiative de conférence de consensus. «Ces tentatives qui font partie de la crise politique ne pourront, en aucun cas, constituer des éléments de la solution. Et si l'on persiste sur cette voie, on s'acheminera inexorablement vers une impasse insurmontable», avait commenté récemment Mokrane Aït Larbi.