Le Soudan est, depuis le 30 juillet dernier, sous le coup d'une résolution du Conseil de sécurité lui accordant 30 jours pour rétablir la sécurité dans la région. La crise au Darfour qui a déjà provoqué le déplacement forcé de 1,2 million de personnes et mis 200.000 autres dans une situation de précarité extrême, nécessitant une aide humanitaire d'urgence, est au centre d'un dialogue qui a débuté hier à Abuja au Nigeria, sous les auspices de l'Union africaine. D'emblée, le Soudan qui craint des sanctions onusiennes, écarte l'éventualité de l'envoi dans la région en conflit d'une force d'interposition africaine. Le chef de la délégation soudanaise aux négociations a affirmé qu'il n'était pas nécessaire que l'UA envoie une force de paix dans la région, soulignant que Khartoum pouvait assurer la sécurité. Cela, malgré une proposition faite par les plus hautes instances de l'Organisation africaine de dépêcher une force de paix de paix de 2000 hommes pour garantir la sécurité au Darfour. Le représentant du Soudan aux pourparlers propose de son côté un désarmement simultané du mouvement rebelle et des Djandjawids, miliciens pro-gouvernementaux. Mais cette apparente inflexibilité de Khartoum quant à une internationalisation du conflit, ne l'empêche pas de multiplier les gages de bonne volonté pour échapper à d'éventuelles sanctions de l'ONU. Sous le coup, le 30 juillet dernier, d'une résolution du Conseil de sécurité lui accordant 30 jours pour rétablir l'ordre au Darfour et désarmer les milices pro-gouvernementales responsables d'exactions contre les populations sédentaires d'origine africaine, le Soudan montre patte blanche. Il a commencé par présenter une liste de 11 zones pouvant être sécurisées pour accueillir les déplacés et a reconnu pour la première fois que des violations des droits de l'Homme, notamment des viols, avaient été commises au Darfour. Une liste de 30 miliciens djandjawids, présumés coupables de ces violations, a été confiée à la commission des droits de l'Homme de l'ONU. Le Soudan a, par ailleurs, signé un accord avec l'Office international des migrations par lequel il s'est engagé à lui présenter les demandes de retour volontaire des déplacés et à obtenir son accord préalable avant d'y procéder. Autant de gestes destinés à calmer la communauté internationale excédée par les rapports alarmants du Haut Commissariat aux réfugiés qui fait état, notamment d'exactions quotidiennes contre les populations et ce, malgré les mises en garde de l'ONU. Au plan humanitaire, le Comité international de la Croix-Rouge, alerté par la gravité de la situation, va mettre en place, cette semaine, son plus important pont aérien, depuis la guerre en Irak en 2003, pour apporter de l'aide aux populations sinistrées du Darfour.