L'Etat a réaffirmé hier encore sa détermination à lutter contre ce phénomène qui menace les équilibres communautaires en France. Le dernier acte antisémite perpétré contre «un centre social» juif dont la bâtisse a été incendiée, fait monter de plusieurs crans la pression sur le gouvernement accusé de laxisme par les organisations juives de France. Cet attentat qui est intervenu quelques jours après une série d'actes de vandalisme contre des lieux sacrés musulmans et juifs, plusieurs cimetières des deux communautés religieuses ont été profanées par des individus se réclamant de l'extrême droite. En effet, des graffitis représentant des croix gammées sont systématiquement remarquées par les enquêteurs sur les lieux de saccages. Cette recrudescence de l'antisémitisme en France fait l'objet de successives réactions d'indignation des plus hautes autorités françaises, bien que ces dernières se voient pointées du doigt par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) qui ne cesse de monter au créneau pour dénoncer ouvertement l'attitude «laxiste» des pouvoirs publics. Sans aller jusqu'à cet extrême, les autorités religieuses musulmanes, par la voix du président du Conseil national du culte musulman de France, Dalil Boubekeur, a élevé lui, aussi, la plus énergique protestation contre les actes de vandalisme perpétrés contre les cimetières et les mosquées de la République. L'Etat français, qui tient à manifester sa solidarité avec les deux communautés religieuses victimes des agressions antisémites, a réaffirmé hier encore sa détermination à lutter contre ce phénomène qui menace les équilibres sociaux en France. Et c'est le ministre de la Justice, cette fois, qui monte au créneau en annonçant que son gouvernement est en «guerre» contre «tous les racismes». «Ce que je veux dire avec beaucoup de détermination, c'est que sur instruction vraiment très forte du président de la République, le gouvernement a déclaré la guerre au racisme, à tous les racismes», a déclaré hier le ministre sur la radio privée RMC Info. Mise à l'indexe par le président du CRIF, Roger Cukierman, pour son peu d'empressement à châtier les coupables, la justice française trouve, en son ministre, un défenseur. «Il est important que la justice trouve les coupables et qu'ils soient jugés avec sévérité. Lorsque nous considérons que les sanctions délivrées par les tribunaux sont insuffisantes - et je sais qu'hier M.Cukierman, président du CRIF, a regretté certaines décisions de certains tribunaux (...) - je demande aux parquets de faire appel systématiquement», a déclaré le ministre. Voilà qui peut rassurer les juifs de France, très prompts à réagir au moindre incident touchant leur communauté. Il a, par ailleurs, rappelé avoir mis en place, dans chaque cour d'appel, un magistrat référent pour les affaires de racisme et que sa majorité politique avait déjà aggravé «par deux fois» les sanctions pour infraction raciste. Cela dit, toutes ces mesures ne semblent pas constituer un motif d'apaisement pour les minorités religieuses de France, même si, pour l'heure, on ne déplore heureusement pas de pertes en vies humaines.