Un peu plus d'un mois après les attentats de Paris, les dirigeants de l'UE ont approuvé jeudi un plan de bataille pour lutter contre la radicalisation des jeunes musulmans et prévenir de nouveaux attentats, mais certaines réformes «vont prendre du temps», a reconnu le chef de l'Etat français François Hollande. «Il n'y a pas eu de débat ni de controverse» pour l'adoption de ce plan élaboré par les ministres de l'Intérieur fin janvier à Riga (Lettonie), s'est félicité le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Le plan s'articule autour de trois actions: la prévention de la radicalisation, la détection des terroristes et la coopération internationale. Il va imposer des modifications ou des interprétations des normes et des lois existantes. Les Etats veulent en effet instituer un contrôle aux frontières extérieures de l'UE, notamment les aéroports, pour les ressortissants des 26 pays de l'espace Schengen. Pour cela, il va falloir modifier le code Schengen, qui interdit ces contrôles systématiques. «Si on veut garder Schengen, il faut que la frontière extérieure soit un moyen de contrôler qui vient et qui part», a expliqué François Hollande. Le président français veut un système de contrôle permanent. Le sujet est sensible, a toutefois averti Jean-Claude Juncker. «Schengen fait partie de la solution, pas du problème», a-t-il répété. «Il faut exploiter au maximum les dispositions existantes sans ajouter de nouvelles règles ni de nouvelles dispositions aux accords», a-t-il averti. «Cela prendra du temps pour changer les règles», a reconnu François Hollande. La création d'un registre européen des données des passagers des avions (PNR) afin de pouvoir suivre les déplacements des personnes suspectes, n'est également pas encore bouclée. Une proposition, approuvée par les gouvernements, est bloquée depuis 2011 au Parlement européen, qui réclame des garanties pour la protection de ces données. Les députés européens se sont engagés mercredi à «tout mettre en oeuvre» pour instaurer un fichier européen des passagers aériens «d'ici la fin de l'année», mais ont demandé aux gouvernements de garantir une protection suffisante des données personnelles. L'UE va par ailleurs se doter de la technologie nécessaire pour suivre les échanges sur les réseaux sociaux, bloquer les sites, images et messages de propagande jihadiste et pouvoir décrypter certaines communications. Europol, l'office de police criminelle européen, va se voir confier cette mission. L'UE chiffre à entre 3000 et 5000 ses ressortissants partis rallier les mouvements jihadistes en Syrie et Irak, dont 30% sont revenus.