L'affaire Sonatrach continue de défrayer la chronique La compagnie nationale des hydrocarbures n'est pas sortie de l'oeil du cyclone. Gérée par un P-DG intérimaire depuis plusieurs mois, elle n'arrive pas à trouver la stabilité. A quelques semaines de l'examen de l'affaire «Sonatrach 1» par le tribunal criminel d'Alger, les langues commencent à se délier. Eclaboussée par des scandales de corruption à retentissement international, et aux conséquences politiques graves, l'affaire Sonatrach continue de défrayer la chronique. La compagnie nationale des hydrocarbures n'est pas sortie de l'oeil du cyclone. Gérée par un P-DG intérimaire depuis plusieurs mois, elle n'arrive pas à trouver la stabilité au moment où la décision de l'exploitation du gaz de schiste est de plus en plus contestée par les populations du sud du pays. Au centre d'un scandale international qui implique d'influentes personnes, Sonatrach a été secouée d'abord, par une affaire de corruption à grande échelle en 2010 (Sonatrach I), avant qu'elle ne soit éclaboussée par un autre scandale de plus grande ampleur (Sonatrach II). Des centaines de millions d'euros de pots-de-vin ont été versés à des responsables pour favoriser certaines entreprises étrangères dans l'octroi des marchés publics. Le statut des personnes citées est tel que des responsables politiques ont été mêlés dans les affaires de la justice, sans qu'ils ne soient inquiétés. Chakib Khelil, ex-ministre de l'Energie, contre lequel un mandat d'arrêt international a été lancé et Farid Bedjaoui, sont les principaux acteurs de ce feuilleton judiciaire. L'on se rappelle que Amar Saâdani, quelques jours après sa désignation à la tête du FLN, avait demandé à l'ex-ministre de la Justice, Mohamed Charfi, d'extirper des poursuites judiciaires, Chakib Khelil, pour garder son poste au sein du gouvernement. Ayant refusé, M.Charfi a été éjecté de l'Exécutif. Et depuis, M.Sâadani ne cesse d'appeler à l'instauration d'un Etat civil où la justice sera indépendante. Mais en attendant de connaître l'issue des deux affaires Sonatrach, il convient de souligner que le tribunal criminel d'Alger examinera le 15 mars prochain l'affaire «Sonatrach 1» dans laquelle sont impliqués 19 ex-responsables de la compagnie, dont l'ancien P-DG, Mohamed Meziane. Parmi les prévenus, huit (8) directeurs exécutifs dont le responsable du pipeline, Amar Zenasni, le directeur des activités en amont, Boumediene Belkacem et quatre compagnies étrangères pour passation de marchés au préjudice de Sonatrach, selon le rôle complémentaire de la deuxième session criminelle 2014. Les prévenus dont sept sont en détention et 12 autres en liberté, doivent répondre des chefs d'accusation d'association de malfaiteurs, passation de marchés illégaux et corruption. Ils sont également poursuivis pour «blanchiment d'argent, dilapidation de deniers publics et surfacturation», selon la même source. Selon la chambre d'accusation, des marchés de gré à gré ont été conclus au bénéfice de sociétés étrangères, sans passer par le Bulletin officiel des marchés relatif aux appels d'offres du ministère de l'Energie et des Mines. Les investigations sur l'affaire ont conclu à des appels d'offre frauduleux. S'exprimant hier sur les colonnes du quotidien El Watan, l'ancien P-DG, Mohamed Meziane, a voulu prouver son innocence et rejette les accusations pour lesquelles il est poursuivi. Il s'est dit victime de luttes d'intérêts qui faisaient rage à un très haut niveau. «Tous les contrats pour lesquels je suis poursuivi ont été traités et étudiés par le comité exécutif et les commissions des marchés. Je n'ai fait qu'appliquer la procédure interne, qui est la R15. Aucun des 247 témoins interrogés par le juge d'instruction n'a trouvé à redire sur ma gestion, qui était la plus transparente mais aussi celle qui faisait participer les cadres dans toutes les décisions», a-t-il expliqué. Il a ajouté que l'ancien ministre, Chakib Khelil, lui donnait des instructions par écrit et par téléphone. «Il (le ministre) était informé de tous mes actes de gestion, par les courriers que je lui adressais, mais surtout par les comptes rendus qui lui parvenaient de mon chef de cabinet», a précisé Mohamed Meziane. Ce dernier fait une révélation de taille qui en dit long sur les pratiques de Chakib Khelil. «Tous les contrats passaient par des avis d'appels d'offres. Nous recevions de nombreux soumissionnaires, mais en cours de route, nombre d'entre eux disparaissaient. On se retrouvait avec seulement deux ou trois soumissionnaires. Parfois, nous étions obligés à ne pas refaire un autre avis d'appel d'offres en raison soit de l'urgence, soit de la complexité du marché. Souvent, c'était le ministre lui-même qui nous instruisait de ne pas refaire la procédure d'avis d'appel d'offres et de continuer avec les soumissionnaires qui restaient.» Pour lui, le procès du 15 mars «révélera beaucoup de choses» à l'opinion publique.