L'exploitation anarchique des puits serait la principale source de l'apparition de centaines de cas. Au centre d'une controverse depuis l'apparition, récemment, d'une centaine de cas dans plusieurs localités de l'est du pays, notamment à Batna, la maladie de la typhoïde continue à alimenter l'inquiétude publique. La version «optimiste», donnée, hier, par le ministre de la Santé, en marge d'une tournée d'inspection dans certains centres hospitaliers à l'ouest de la capitale, bien que corroborée par des chiffres et autres estimations «rassurantes» - la typhoïde a baissé de 26% par rapport à l'année précédente selon le ministère - elle éclaire, paradoxalement, sur l'embarras dans lequel s'est murée la tutelle. Mourad Redjimi s'est borné, en évoquant le cas de Batna, à considérer la persistance de la maladie transmissible dans les régions touchées, comme étant un «problème de société». Façon parmi d'autres, d'incriminer les habitants de ces localités dont l'incivisme aurait pris, a-t-il sous-entendu, des proportions alarmantes. Et l'exploitation «anarchique» des puits est, à cet effet, criante: «Quand vous avez plus de 200 puits qui ne répondent pas aux normes, c'est très grave!» a grondé le ministre, imputant l'apparition, puis la propagation du virus à la mauvaise gestion des points d'eau. Pourtant: «Les services des eaux, dans ces régions, distribuent suffisamment d'eau potable et à un rythme régulier, de surcroît!» Dans un «mini» cours de méthodologie, M.Redjimi appelle à l'utilisation rationnelle des puits: «Il faut d'abord être détenteur d'un permis de construction pour pouvoir creuser un puits. Une fois l'eau atteinte, la réglementation en vigueur astreint l'intéressé à procéder aux analyses requises pour que soit, enfin, autorisée l'exploitation» a-t-il rappelé. Bien que fût, manifestement, sévère la mise au point du ministre, il faut aussi, dans ce cas de figure, se rendre à l'évidence et savoir appeler un chat par son nom. En d'autres termes, la responsabilité des citoyens dans la genèse du virus est, par-dessus tout, indéniable. Car, si l'on se précipite à faire porter, comme à chaque fois, la responsabilité «seule» et «directe» aux pouvoirs publics, on oublie vite que c'est, d'abord, aux citoyens qu'échoit, en premier lieu, la propreté des puits, bien avant la mise en branle de l'intervention publique. Mais, et en dépit de l'ampleur prise par cette affaire, le ministre de la Santé a, encore une fois, réaffirmé la tendance à la baisse de la typhoïde et des maladies infectieuses de manière générale. La force de frappe sur laquelle s'est appuyée la politique gouvernementale, serait, à en croire les dires de ce dernier, «le comité de veille et de lutte contre les maladies émergentes et réémergentes». Donc, grâce aux «efforts» consentis par cette structure que la tutelle avait mise en place pour lutter contre les maladies infectieuses, que s'explique le «grand ouf» de M.Redjimi. Quant aux 328 personnes dans les 16 foyers atteints des villages de Zaddam et de Bouaâkal à Batna, seuls 28 sont toujours hospitalisés, selon un cadre du ministère. Outre la prise en charge accordée aux personnes malades, les autorités locales ont pris des mesures pour mettre fin à l'utilisation aussi bien illégale qu'anarchique des puits. Ils ont, ainsi, procédé à la mise à l'arrêt de nombreux ouvrages. Aussi, les services des eaux sont sur le point d'achever le renouvellement «total» du réseau hydraulique dans les régions infestées. Néanmoins, pourquoi faut-il toujours des victimes pour que l'on daigne nettoyer les «écuries d'Augias»?