Le gouvernement français n'a pas perdu de temps pour passer au stade de l'application des clauses du « Partenariat pour la croissance et le développement ». Aussitôt rentré de son voyage d'Alger, Nicolas Sarkozy a lancé un appel d'offres « pour convertir des dettes de l'Algérie à l'égard de la France en investissements privés ». Présenté comme une première mesure, destinée à relancer les investissements français en Algérie, cet appel d'offres porte sur un montant de 61 millions d'euros. Dans cette perspective, le ministère français de l'Economie et des Finances a invité, jeudi dernier, les opérateurs intéressés « à soumissionner, par l'intermédiaire de leur banque, pour l'achat de créances sur l'Algérie ». Selon le département de M. Sarkozy, les opérations de conversion ne pourront être utilisées que sous forme d'un investissement en capital dans une entreprise publique algérienne. Et ceux-ci « devront au préalable recueillir l'accord des autorités algériennes sur les projets considérés ». Autre détail : les offres devront parvenir à la Coface avant le 6 septembre 2004. La Coface est chargée de la mise en œuvre de cet appel d'offres. Dans le cadre de « l'Aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement », signé le 27 juillet dernier, la partie française avait décidé de mettre à la disposition de l'Algérie « la totalité de l'enveloppe de conversion de dettes en investissement autorisée par les règles actuelles du Club de Paris, soit 288 millions d'euros ». Cette facilité, avait-on précisé, pourra être utilisée pour des investissements dans les nombreux secteurs en expansion. Cela y compris pour couvrir les prises de participation dans des sociétés chargées du développement de projets d'infrastructures. La signature de « l'Aide-mémoire » a compris également l'octroi à l'Algérie de concours financiers de près de 2 milliards d'euros. Annonçant le passage à la phase opérationnelle de la coopération algéro-française, l'appel d'offres de Sarkozy a cela d'intéressant qu'il permettra d'apprécier l'intérêt des entreprises françaises à l'égard du marché algérien à l'ombre du « Partenariat pour la croissance et le développement ». Car si pour les groupes industriels français l'Algérie reste un bon marché d'exportation, il est à rappeler que très peu d'entre eux ont consenti, jusque-là, des investissements directs dans ce pays. Au chapitre de la reconversion de la dette, il est à rappeler aussi qu'aucune entreprise française ne s'est manifestée pour racheter des parts dans les entreprises publiques proposées à la privatisation. A l'heure actuelle, il est difficile de connaître les suites que réserveront les opérateurs français à l'appel d'offres de Nicolas Sarkozy. Dans les faits, le « Partenariat pour la croissance et le développement » est conçu de telle manière à ne pas laisser indifférentes les entreprises françaises. Pour mettre en valeur le marché algérien, le gouvernement français a, rappelle-t-on, ouvert une enveloppe d'un milliard d'euros de garanties de crédit par la Coface. Celle-ci est destinée à couvrir les futurs contrats des firmes françaises. Une initiative rendant pour ainsi dire caducs les arguments liés au risque pays. Mais il est vrai que pour prévoir convenablement ce que pourrait être le retour d'écoute des hommes d'affaires français, il est nécessaire de connaître les « identités » des entreprises publiques algériennes concernées par l'appel d'offres du ministère français de l'Economie. Sur ce sujet,le silence radio règne encore de part et d'autre de la Méditerranée.