L'entreprise est en butte à d'inextricables difficultés financières. Retards dans le paiement des salaires, absence de plan de charge, concurrence déloyale, les représentants des 1800 travailleurs que compte l'entreprise Tarsi à travers le territoire national, tirent la sonnette d'alarme. L'entreprise, à ce rythme, disent-ils, «risque de mettre la clé sous le paillasson». La Tarsi est une filiale du groupe ENCC. Elle dispose de quatre unités de montage et de maintenance industriels, implantées à proximité des pôles industriels (Oran, Alger, SétifAnnaba, Ouargla). Créée en 1968, la SNMétal a été restructurée en 1983 pour devenir l'ENCC (Entreprise nationale de charpente et chaudronnerie). En 1998, la Tarsi voit le jour. Cependant après six ans d'exercice, elle est confrontée à moult problèmes. Le spectre de la fermeture plane sur cette entreprise, qui selon Soum Salah, le SG du syndicat d'entreprise, «risque de baisser rideau». M.Soum, qui est également secrétaire chargé de la communication au niveau de la fédération Métal affiliée à l'UGTA, s'interroge sur l'avenir des travailleurs «qui ne savent plus à quel saint se vouer depuis deux mois. L'entreprise croule sous les dettes et est pratiquement à l'arrêt. Aucune solution ne se profile à l'horizon. Nous n'avons obtenu aucun marché. Les travailleurs commencent à paniquer, à l'idée de perdre leurs emplois. Il faut signaler que l'unité de Sétif est la plus touchée par la dèche. 2005 a de fortes chances d'être l'année de la mise à mort de notre entreprise.» M.Debboub Mohamed, membre du bureau syndical et du CEF (Conseil exécutif fédéral) abonde dans le même sens en rappelant que «les travailleurs menacés dans leur gagne-pain ont répondu présents dans tous les moments. On faisait appel à nous pour construire des barrages au plus fort du terrorisme. Alors qu'aujourd'hui, nous sommes marginalisés». La situation est telle que pour avoir un marché, «on doit passer par les multinationales. Nous avons travaillé avec des entreprises Anadarco, Benco et d'autres. Ils reconnaissent notre compétence et notre savoir-faire. Malheureuse-ment, nous n'arrivons pas à faire face à la compétitivité et surtout à des entreprises privées parasitaires qui raflent les marchés sous notre nez», insiste M.Soum. Ces entreprises ne sont pas facilement identifiables, mais nos interlocuteurs estiment que «des connivences et des complicités de parties occultes les encouragent». Le vide juridique contribue également à compliquer davantage la situation et à ouvrir la voie aux spéculateurs qui nous mettent des bâtons dans les roues», arguent-ils. Les syndicalistes concluent en lançant un appel aux hautes autorités de l'Etat pour prendre en charge leurs doléances. Ils réclament l'effacement de la dette de l'entreprise, en sus du règlement des créances détenues auprès des collectivités locales ainsi que de l'Agence nationale des barrages (ANB). M.Debboub soulève également la régularisation des terrains d'assiette sur lesquels sont implantées les unités. «Cela fait trois ans que nous essayons de venir à bout de ce problème. Il faut savoir que pour prétendre à un prêt bancaire, nous avons besoin de présenter des actes notariés. Ce qui nous aurait permis de nous doter d'équipements neufs. Actuellement, nous louons. Une formule qui nous revient très cher». Joint au téléphone, le DG de la Tarsi M.Boudraâ Mohamed Mounir, nouvellement installé, reconnaît, qu'effectivement «l'entreprise traverse une période difficile et connaît des perturbations, mais je tiens à rassurer le partenaire social avec lequel nous sommes en contact permanent. Nous avons toujours été ouverts au dialogue». Concernant les appréhensions des syndicalistes, ce dernier les trouve injustifiées, bien que «l'entreprise, enregistre quelques difficultés s'agissant du plan de charge», dit-il. Il ne nie pas, par ailleurs, l'existence d'une concurrence déloyale et impitoyable. «Il est vrai que nous étions dans une économie dirigée qui nous permettait de nous en sortir, mais il se trouve que l'ouverture a ses exigences et ses règles du jeu. Les grands marchés sont gagnés ou arrachés par les multinationales. Quand celles-ci le veulent bien, elles nous demandent de soumissionner, mais ce n'est pas toujours le cas. Souvent, ce sont des étrangers qui décrochent les marchés. Il n' y a aucune loi à ma connaissance qui protége nos entreprises publiques». Quant à l'unité de Sétif qui est en butte à d'inextricables problèmes, M.Boudraâ affirme que «cette unité a accumulé d'énormes déficits mais il n'y a pas de raison de s'alarmer. Un travail commercial est en cours et nous escomptons trouver des solutions idoines». Concernant l'effacement de la dette de l'entreprise, le DG de la Tarsi répond que cela est une question qui n'est pas de son ressort.