Les deux partis au pouvoir sont minés par la crise Arrivé à la tête du RND pour rassembler les troupes, Abdelkader Bensalah a fini par réaliser le consensus, mais contre lui. La grogne qui couve au sein du parti est en passe d'éclater au grand jour. C'est une question de temps. Le vent de fronde a soufflé au RND. Une concurrence querelleuse s'est exacerbée au sein du deuxième appareil de l'Etat depuis quelque temps. L'ampleur de cette crise est criante. Elle a rebondi hier encore. Pas moins de 230 sur 350 membres du conseil national ont signé la pétition visant à pousser Bensalah vers la porte. Cela veut dire que la légitimité de Bensalah, pourtant élu par le congrès, est contestée. Auparavant déjà, à travers un communiqué attribué notamment aux ex-ministres, on contestait la composante du secrétariat national et la gestion amorphe du parti par Bensalah. Pour ceux qui connaissent la maison RND, cette offensive a été esquissée en 2012. Le discours prononcé par le secrétaire général par intérim du RND à partir de Sétif, au moment où le chef de l'Etat était hospitalisé au Val-de-Grâce, n'est pas passé sans anicroches. Il a déclaré en substance, que toutes les institutions de l'Etat fonctionnent normalement, en dépit de l'absence momentanée pour cause de soins du président de la République. L'Etat et ses institutions fonctionnent d'une «manière normale» et le gouvernement «accomplit toutes les tâches qui lui sont dévolues, en dépit de l'absence du président depuis un mois pour des raisons de santé», avait-il indiqué. Presque aussitôt, ces propos au demeurant anodins, ont suffi à déclencher une polémique acerbe au sein de cette seconde béquille du régime. L'actuel ministre de l' Industrie, Abdessalem Bouchouareb reprochait à Abdelkader Bensalah le fait d'avoir suggéré l'absence du rôle du chef de l'Etat. Ce prétexte a suscité une prise de bec entre les deux hommes. Selon notre source, Boubekeur Benbouzid, l'ex-ministre de l'Education nationale et Cherif Rahmani nient catégoriquement s'être mêlés à cette fronde. «L'instigateur de cette rébellion contre Bensalah et celui qui ambitionne de prendre la direction du RND n'est autre que Bouchouareb», affirme la même source. «Connu pour être proche de Ahmed Ouyahia, Bouchouareb s'appuie sur les partisans de l'ex-Premier ministre pour renverser la vapeur», indique-t-on. L'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en poste à la tête du 2e parti de l'Alliance présidentielle depuis 1999, a démissionné en janvier 2013. Depuis, Bensalah est monté au créneau et c'est ainsi qu'il a assuré récemment l'opinion publique, qu'aucune formation politique n'a été destinataire d'une quelconque copie relative au projet de révision de la Constitution. Pendant plusieurs mois, Ouyahia avait fait face à un mouvement de redressement au sein de sa formation. Il a expliqué sa démission par sa volonté d'éviter les divisions internes au sein du mouvement. Son successeur, Bensalah, l'homme de la conjoncture, s'est vu confier provisoirement la direction du parti, étant donné sa neutralité vis-à-vis du conflit entre les pro et anti Ouyahia. Il s'agissait d'assurer un certain équilibre, veiller à ce que la balance ne penche en faveur ni de l'une ni de l'autre partie en conflit. Par ailleurs, l'opération de restructuration du parti de Bensalah traîne encore. Cette opération entamée en décembre dernier n'est pas terminée. Les partisans de l'ancien secrétaire général, Ahmed Ouyahia, gèrent encore ces structures de wilayas, en gardant leurs postes. Craignant la réaction de ces coordinateurs, Bensalah temporise. Cautionné par Yahia Guidoum, Bensalah qui a promis d'écarter 35, au moins 17, puis 5 coordinateurs pro Ouyahia n'a finalement éloigné aucun. Ces concessions ont été mal digérées par les redresseurs dont leur coordinateur, le Dr Guidoum, qui a fini par démissionner. Sur plus de 48, Abdelkader Bensalah, n'a désigné que cinq nouveaux coordinateurs de wilaya jusqu'ici. La session du conseil national, programmée pour le mois de juin prochain, sera des plus houleuses. Les contestataires veulent pousser à la démission Bensalah qui n'a pas hésité à démentir Ould Khelifa sur la copie relative au projet de révision de la Constitution, ou du moins créer le poste de vice-président du parti. Pour se défendre, Bensalah qui reconnaît la crise qui couve au sein de son parti, évoque des tentatives de porter atteinte à la stabilité du parti pour entraver le processus des réformes globales initiées par le président de la République, notamment la révision de la Constitution. Récemment encore, il a reconnu que l'opération de restructuration rencontre des difficultés sur le terrain à travers certaines régions du pays.