Le lifting des Nations unies était au centre des débats aux premiers jours de l'Assemblée générale de l'organisation internationale. S'il y a un thème sur lequel la communauté internationale donne l'impression d'être d'accord, c'est bien la réforme de l'ONU, souvent mise en avant, mais toujours ajournée pour une raison ou une autre. Réformer, oui, comment et pourquoi? Tel ne semble pas être - du moins eu égard aux derniers échanges de paroles au sein de l'auguste assemblée onusienne - la préoccupation majeure de certains membres, du moins les plus représentatifs des cinq continents, lesquels en revanche, se sont d'emblée lancés dans une furieuse campagne pour leur élection à un siège permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est le cas notamment de l'Allemagne, du Brésil, du Japon, de l'Inde, auxquels s'est joint depuis hier, l'Afrique du Sud. Or, la réforme de l'ONU doit se faire en profondeur, notamment par une réévaluation et de larges amendements de la Charte de l'ONU - dont nombre de chapitres sont aujourd'hui obsolètes - et pas uniquement par un élargissement et l'octroi de sièges permanents, seul point qui semble susciter l'intérêt des participants, singulièrement ceux n'ayant pas fait mystère de leur intention de briguer un siège de permanent au Conseil de sécurité. A la lumière de l'usage que font les actuels membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France) du droit de veto, on est en droit de demander le pourquoi d'une réforme, si celle-ci doit se réduire à la promotion d'Etats parmi les mieux nantis de la planète, alors qu'il est réclamé que l'ONU devienne une maison de verre où les 200 pays membres auront les mêmes droits et devoirs. Le monde a évolué, il a totalement changé, notamment dans la deuxième moitié du XXe siècle, avec d'une part l'accession de nombreux pays africains, asiatiques et océaniens à l'indépendance, d'autre part, l'effondrement de l'Union soviétique dans les années 90, induisant ainsi des rapports nouveaux entre les nations. Or, sur les cinq membres permanents, trois, les Etats-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne, ont été les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, la présence de la France résultant de paramètres tout à fait particuliers, alors que la Chine n'a repris sa place qu'en 1980 en remplacement de Taiwan, imposé à l'époque par les Etats-Unis. Les postulants au Conseil de sécurité, si effectivement ils sont des poids lourds dans leurs continents respectifs, ne semblent pas rassembler tous les atouts et suffrages pour siéger de manière permanente au Conseil de sécurité qui nécessite d'autres qualités que le poids économique, financier ou démographique qui ne sauraient être un argument à eux seuls. De fait, en centrant la discussion sur le seul élargissement du Conseil de sécurité et à qui reviendra le pactole, le débat se trouve quelque peu faussé, en ne s'engageant pas dans une vraie mise à nue de l'organisation internationale et proposer les voies et moyens de la rendre effectivement universelle et apte à servir la paix dans le monde et à assurer la sécurité pour tous les peuples du monde. Or, lorsque l'on constate les blocages qui empêchent une solution au dossier palestinien qui revient devant l'Assemblée générale des Nations unies depuis 1947, à cause de l'emploi du veto (notamment par les Etats-Unis, qui l'ont utilisé plus de 80 fois en faveur d'Israël, depuis le partage de la Palestine historique par l'ONU et la création de l'Etat hébreu), ont permis la perpétuation d'un déni de droit, interdisant de fait aux Palestiniens d'avoir leur Etat en attente d'érection depuis novembre 1947 (résolution 181 du Conseil de sécurité). Aussi, si élargissement il y a, la réforme de l'ONU ne consistera-t-elle pas d'abord dans la suppression du droit de veto qui a permis tous les dépassements de la part des Etats qui le détiennent. De fait, parmi les grandes puissances, les Etats-Unis et la Russie ne semblent pas particulièrement emballés par l'octroi de nouveaux sièges permanents, et ce qui va avec l'octroi de pouvoirs aux nouveaux arrivants, mais ne sont pas en revanche opposés à l'augmentation du nombre des membres non permanents du Conseil de sécurité qui passerait, selon les propositions, de 15 membres actuellement, à 21 ou 25 membres au cas où un accord serait trouvé. Mais en fait, le débat ne fait que commencer et la suite promet d'être chaude. Le second thème qui a retenu l'attention des membres de l'assemblée générale a été la lutte antiterroriste sur laquelle des échanges de vue ont eu lieu. Dans ce débat, la Russie, a mis à profit l'affaire de Beslan (339 otages tués dans cette petite ville d'Ossétie du Nord) pour revenir à la charge, Moscou demandant que le Conseil de sécurité vote une résolution renforçant la lutte contre ce phénomène. La Russie qui va présenter un projet de texte, sollicite de tous les pays du monde de «coopérer étroitement avec ceux dans lesquels ont été commis des actes de terrorisme ou dont les citoyens ont été victimes de terrorisme, afin de capturer et traduire en justice les auteurs et les commanditaires de ces actes, ainsi que ceux qui financent ou soutiennent leurs activités ou leur donnent refuge». Ainsi, après les Etats-Unis, la Russie confirme la tendance sélective des grandes puissances qui ont longtemps tergiversé ne reconnaissant la nuisance du terrorisme qu'après en avoir été victime. Aussi, l'ONU semble-t-elle plus servir les intérêts des Etats détenant la vraie puissance au Conseil de sécurité (droit de veto) que réellement donner à tous ses membres les mêmes opportunités de se défendre et de faire valoir leurs droits. De fait, plusieurs terroristes notoires, recherchés notamment par l'Algérie et l'Egypte, résident toujours aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, qui ignorent les demandes d'extradition formulées par Alger et le Caire. Aussi, la lutte contre le terrorisme doit-elle être globale et engager l'ensemble de la communauté internationale et non point sélective et selon que l'on soit puissance déclarée ou faible Etat.